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Critique de fabienne2909


Goebbels fut l'un des plus sinistres personnages de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Ministre de la propagande et de l'information du peuple pendant toute la durée du régime nazi, il fut l'un des plus fidèles proches d'Hitler, allant jusqu'à se suicider, ainsi que sa famille, en même temps que ce dernier lors de la débâcle de l'Allemagne nazie.

Lionel Richard propose une biographie de ce personnage, afin de montrer de quelle manière il a contribué à la montée en puissance de Hitler et du national-socialisme, lui qui incarnait les valeurs nazies (ainsi que leur profonde hypocrisie).

En effet, Joseph Goebbels était assez éloigné de l'idéal aryen : petit, brun, avec un handicap (un pied bot) qui l'empêcha de participer à la première guerre mondiale, qu'il tentera de cacher toute sa vie. Sa vie d'avant le national-socialisme ne fut pas tellement glorieuse (mais largement réécrite par la suite) : même s'il fut issu d'une famille relativement bourgeoise, il mena une vie estudiantine plutôt bohème et surtout marquée par la pauvreté, errant d'études en études, décrochant quand même à la fin un doctorat, et tenant de s'imposer comme un écrivain… mais en vain.

Les thèses nationalistes rencontrèrent assez vite un écho chez lui, comme on peut s'y attendre de ce type de personnalité, plutôt encline à l'extrémisme.
Et c'est là qu'il fit la connaissance d'un certain Adolf Hitler, qui commençait à se faire connaître avec ses discours revanchards… et que cette biographie devint intéressante : en effet, on y apprend que Hitler n'était pas un personnage qui magnétisait les foules — comme plus tard Goebbels s'y employa, notamment en trafiquant sa voix pour la radio afin qu'elle soit plus impressionnante ! —, mais un orateur habile qui fut porté par toute une équipe qui croyait davantage dans le national-socialisme que dans le personnage. Dont Goebbels, qui vivait le national-socialisme à fond, lui qui s'est marié avec une militante, Magda, dont il eut six enfants élevés dans la doctrine, image aryenne idéale dont il se servait pour sa propagande, alors que ses liaisons étaient plutôt bien connues.

Lionel Richard profite également de cette biographie, organisée par thèmes, ce qui permet de s'extraire d'un récit strictement linéaire, pour avancer plusieurs thèses. La première est que le régime nazi était plutôt porté au départ sur l'anti-bolchévisme plus que sur l'antisémitisme. C'est par la suite du pacte de non-agression avec Staline que la haine du bolchévique (difficile de continuer à taper sur les alliés…) se sont reportés sur les Juifs avant de s'intensifier à la suite d'une défaite catastrophique en décembre 1941, la Solution finale ayant été décidée en janvier 1942.

Une décision qu'après guerre personne ne connaissait, selon les affirmations officielles, mais que Lionel Richard s'emploie à démonter : pour lui, tout le monde connaissait bien les intentions génocidaires des nazis à l'intention des Juifs, et particulièrement Goebbels, qui ne pouvait ignorer cette mécanique infernale, lui dont la propagande était notamment axée sur la production de films ignobles.
Cette dernière thèse est apparemment controversée, et c'est d'ailleurs l'objet de la note qui accompagne le passage de cette biographie dans la collection de poche des éditions André Versailles : prouver ses dires et contrer les attaques des historiens spécialistes du même thème. J'avoue avoir été un peu surprise de cette contre-attaque associée à une critique des concurrents, qui m'a semblé plus basée sur un certain narcissisme et la protection d'une réputation que la recherche de la rigueur scientifique…

Cette biographie est malgré tout solidement étayée, pas jargonnante, et le découpage thématique permet de maintenir l'intérêt du lecteur. Toutefois, cela reste un ouvrage plutôt spécialisé, qui attirera en premier lieu les férus d'histoire ainsi que les étudiants et professeurs spécialisés dans cette époque.

J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de la dernière Masse critique Non-fiction : merci donc aux éditions André Versailles et Babélio pour cette lecture estivale érudite.
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