Jacques Richard a choisi de sonder, d'interroger le sombre qui sommeille en chacun de nous
142 pages, cinq carnets, c'est peu et pourtant suffisant pour évoquer une vie que l'on s'interdit de vivre. le narrateur est le fils d'un Waffen-SS, le fils de quelqu'un qui a choisi d'infliger la souffrance, de donner la mort et puis après guerre ,de fonder une famille.Insupportable hiatus. Un donneur de mort peut-il donner la vie ? Ne risque-t-il pas de transmettre à son descendant le goût du sang ? Pense-t-il que son fils est un Atlas, capable de porter sur ses épaules les massacres, les indicibles horreurs commises par des hommes qui n'en étaient peut-être plus ?
le fils a choisi la non-vie, il habite dans un sous-sol et sort peu. Son existence de reclus lui permet d'attendre. D'attendre quoi ? de comprendre comment son père a pu devenir un bourreau, de patienter jusqu'à ce que la mort le cueille, l'accueille et fasse taire ce passé qui n'est pas le sien mais qui le hante.
Jacques Richard a choisi de montrer la noirceur que chacun de nous abrite en lui. Nul ne peut y échapper, juste espérer la contenir, ne pas nous laisser déborder.
La lecture de ce texte a été éprouvante. L'écriture est sèche, précise, clinique, aussi redoutable que le pinceau de
Francis Bacon. Je ne terminerai pas cet article en précisant si j'ai aimé ou non ce livre. Je n'en sais rien. Simplement, dans notre monde déboussolé, il est comme le nécessaire rappel que la barbarie n'est jamais vraiment assoupie.
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