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Critique de Musa_aka_Cthulie


Toute petite pièce, appelée par Jean Richepin "Pantomime sans gestes" (oui, oui!) et qui fait partie d'un volume intitulé Théâtre chimérique, publié en 1896, et qui présentait, outre notre pantomime, sotie, drame, féérie, moralité, mystère, et j'en passe. Richepin a donc beaucoup réutilisé les codes des pièces du moyen-âge, essentiellement, pour ce que j'en ai lu (car je n'ai pas lu tout le Théâtre chimérique), afin de scandaliser le bourgeois ; ça vaut parfois largement les grivoiseries médiévales...


Ici, pour toute pantomime nous avons droit à un dialogue entre un sapin, nouvellement installé dans un salon bourgeois et paré de toutes les fanfreluches typiquement fin XIXème siècle, et un poète, représentatif plus largement de la figure de l'artiste. le sapin, tout fier de sa toute récente flamboyance (le flamboiement n'arrivera que trop vite pour lui, hélas!), cherche à connaître la suite des événements : que va-t-il lui arriver, qu'il puisse se préparer dignement ? Les réponses du poète vont le ravir, le décevoir, l'horrifier, mais paradoxalement lui donner l'assurance qu'il est bien le roi des arbres en cette soirée.


Tout le propos est essentiellement anthropomorphique et vise à démontrer que la destinée du sapin, illuminé, richement décoré et admiré le temps d'une soirée, puis jeté au feu, oublié, et remplacé par un autre sapin l'année suivante, est en tout parallèle avec la destinée du poète.


On peut y ajouter une critique du consumérisme et de la bourgeoisie. En effet, Noël est devenu cette effervescence autour des enfants et des cadeaux à la fin du XIXème dans le milieu bourgeois (bien que le XVIIIème ait déjà amorcé le concept d'événement familial) ; les classes sociales plus pauvres restaient attachées aux étrennes du Nouvel An, et une orange était alors un cadeau fastueux. Ici, on voit combien la famille qui a installé le sapin de Noël chez elle a dépensé sans compter (ça faisait trop longtemps que je n'avais pas cité Jurassic Park, je n'y tenais plus!) et que les enfants, habitués à être gâtés sur le plan matériel, n'attachent finalement que peu de valeur à leur cadeaux et à leur soirée, tout comme les adultes qui les ont façonnés n'attachent que peu de valeur à l'art.


Une dernière lecture (ce qui fait beaucoup pour un si court texte, je l'admets) serait d'aborder la pièce sous un angle écologique et plus contemporain. Certes, au XIXème, les sapins de Noël étaient utilisés comme bois de cheminée... encore qu'il me semble que le sapin ne soit pas le meilleur bois à faire brûler. Aujourd'hui, on en est à faire pousser des arbres uniquement pour les couper, les transformer en décorations pour quelques semaines, voire quelques jours, et les jeter pour la plupart à la poubelle (le système de recyclage n'étant pas suffisamment efficace pour des raisons diverses et variées). Là encore, on est dans une forme de consumérisme, qui est bien entendu à nuancer selon les pratiques des uns et des autres (je ne prêche pas pour les sapins en plastique, rassurez-vous). Quant aux poètes et autres artistes, on ne les fait pas encore pousser en pépinières... quoique, ça pourrait probablement se discuter !

Lien : https://musardises-en-depit-..
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