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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Vous souvenez-vous du film Philadelphia, sorti en 1993, avec Tom Hanks dans le rôle principal ? Il y jouait un brillant avocat homosexuel, viré de son cabinet parce qu’il est atteint du sida. Si vous vous rappelez ce film, vous devez aussi vous souvenir de sa bande-son, avec « Streets of Philadelphia » (B. Springsteen), « Philadelphia » (N. Young) et « la mamma morta », extrait de l’opéra Andrea Chenier (U. Giordano), trois morceaux sublimes de mélancolie et de tristesse infinie.
Le rapport avec le roman « Dites aux loups… », c’est le sida, évidemment, mais aussi cette atmosphère bouleversante dans laquelle sont empêtrées June et sa famille. June a 14 ans en 1987, dans l’état de New-York. A cette époque, on commence à parler du sida, mais on ne sait encore que peu de choses de la maladie, considérée comme honteuse. A 14 ans, mal dans sa peau, peu sûre d’elle, pas avantagée par son physique, June souffre aussi de la comparaison avec sa sœur aînée, Greta, vedette du lycée. June n’a qu’un seul ami, son oncle Finn, homosexuel, peintre anti-conformiste un temps célèbre, qui va bientôt mourir du sida. Laissée à elle-même, se sentant seule comme peuvent l’être les ados, June s’accroche à lui, parce qu’il est le seul à la comprendre, à faire en sorte qu’elle se sente vivante, intelligente, intéressante, qu’elle cesse de se sentir transparente. A la mort de Finn, June continue à se cramponner au souvenir de son oncle. Elle n’est pas la seule. Il y a aussi Toby, le petit ami caché de Finn pendant toutes ces années, lui aussi malade du sida. Il tente d’établir le contact avec June, dans le but de partager leurs souvenirs de Finn, de chérir sa mémoire, et prendre soin l’un de l’autre, jusqu’à la fin. Cette relation n’est pas simple à construire, parce qu’il faut la garder secrète, et surtout parce que June doit surmonter sa méfiance, sa jalousie, sa déception de n’avoir pas été la seule personne vraiment aimée de Finn, et sa tristesse de réaliser que celui-ci ne lui disait pas tout…
Tout au long du roman, on observe June se débattre avec ses états d’âme, entre des parents peu présents, une sœur autrefois complice et désormais odieuse, sans que June y comprenne grand-chose. La vie, la mort, l’amour, l’amitié, la douleur de la perte, la solitude, ce passage vers l’âge adulte est pour June une étape délicate, qui a réveillé certains échos pour moi. Le roman ne respire pas la joie de vivre, mais il exprime avec finesse et intelligence toute une gamme de sentiments plutôt sombres, de la tristesse à la révolte en passant par la colère et le désespoir. June est poignante, battante, et on lui souhaite des moments plus doux, pour après, quand le plus difficile sera passé. La chrysalide disgracieuse se transformera un jour en papillon. Peut-être pas le papillon sublime et magnifique qu’on verrait en photo dans toutes les encyclopédies, mais un papillon simplement beau. Comme ce roman.
Merci à Masse critique de Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette belle découverte.
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