P. 266
Elle se détend clairement soulagée.
- Vraiment ? J'aimerais tant avoir ton soutien.
- Oui, bien sur.
Maintenant je sais que je peux le faire : lui mentir en la regardant droit dans les yeux.
Je suis un vrai connard.
P. 72
Elle s'humecte les lèvres et enfonce les mains dans les poches arrière de son jean.
- Non, merci. Je n'ai pas faim.
Elle a compris ce que je lui demande.
Le tapotement, le balancement, les prises électriques. Ses TOC sont revenus en force et elle ne veut pas que je le sache.
J'en suis réduit à ce test lamentable.
L'un de ses rituels est de manger de la nourriture par paire. Elle ne peut pas manger par un ou par trois. Deux ou rien. Elle se laisserait mourir plutôt que d'aller contre. Sa superstition lui interdit toute déviation. Si elle agit autrement, des malheurs la frapperont. Ce n'est pas facile à cacher, mais elle est très douée pour tromper son entourage.
Sauf moi. Quand ça touche Talia, je remarque tout.
- Non, s'il-te-plaît.
Elle se recule comme si j'étais dangereux, une menace. Je ne vais pas mentir : ça me fait mal de la voir comme ça. Mais je dois insister, être présent pour qu'elle ne s'approche pas trop près du bord, qu'elle ne tombe pas dans le précipice. C'est un rôle ingrat. Elle m'en veut de le tenir. Mais, dans trois jours, elle me remerciera.
- Tu comprends pourquoi j'y tiens, n'est-ce pas ?
Elle baisse la tête.
- Je ne peux pas.
- Quand comptais-tu me dire que ça avait repris ?
- Je sais pas. J'espère toujours que c'est momentané. Que je vais gérer.
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L’haltère invisible qui pèse sur mon sternum s'alourdit encore plus à chaque coup de marteau. Sérieusement ? Est-ce que j'avais vraiment besoin d'assister à ce coup de grâce porté à notre histoire ?
Si le destin existe, c'est une sacrée ordure.
Certains croient que tenir bon nous rend plus forts, mais parfois le plus dur est de lâcher prise.
Hermann Hesse
la distance ne peux éviter les sentiments