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Critique de Eve-Yeshe


On fait la connaissance d'Alice Hart, alors qu'elle a autour de neuf ans, vit dans la propriété appartenant à son père, qui cultive la canne à sucre. La petite fille n'a pas le droit de sortir de la propriété et suit sa mère qui cultive son jardin. Même l'école, son père ne veut pas en entendre parler, lui de perdition selon lui. Il règne en véritable tyran sur Agnès, sa femme et sur sa fille, les coups pleuvent dès qu'on ne dit pas comme lui.

« Ce n'est pas un endroit pour une fille, disait son père, tapant du poing sur la table, faisant tressauter assiettes et couverts, chaque fois que la mère d'Alice suggérait de l'envoyer à l'école. Elle est plus en sécurité ici, grondait-il, mettant fin à la conversation. C'était ce que son père savait le mieux faire, mettre fin à tout. »

Un jour, Alice s'échappe et découvre la ville, notamment la bibliothèque municipale, où elle arrive en chemise de nuit, pieds nus et fait ainsi la connaissance de Sally, la bibliothécaire qui comprend vite qu'elle est maltraitée mais n'ose pas trop intervenir, tout le monde ayant peur de Clem Hart. Cette expédition vaut à Alice une pluie de coups. Mais son père finira par l'autoriser à emprunter des livres.

Alice est fascinée par le feu, comme sa mère d'ailleurs, et le pouvoir régénérateur de celui-ci : son père peut-il renaître de ses cendres, meilleur, comme le phénix ? Un jour où elle brave un interdit, pénètre dans l'antre de son père, mais y oublie la lanterne allumée.

Il en résulte un incendie où ses parents meurent et elle, sauvée in extremis, avec une longue hospitalisation et sa grand-mère paternelle, June, dont elle n'a jamais entendu parler, vient la chercher et l'emmène dans sa propriété, à Thornfield, où elle cultive des fleurs, et accueille des jeunes femmes en détresse, qu'elle appelle ses Fleurs.

Pourquoi, Clem a-t-il quitté la maison familiale ? Quels sont les secrets qui rongent cette famille depuis des générations ? June ne parvient pas à en parler, les non-dits s'accumulent, et les mêmes causes ayant les mêmes effets, on assiste à une répétition des scenarii de vie.

Quand on ne parvient pas à parler, on essaie de communiquer autrement, ici par le langage des fleurs, et comme June, on repousse le problème en ayant recours à la fiole de whisky, tout en créant des bijoux avec les fleurs récoltées, les inscrivant ainsi dans le temps.

Chaque chapitre commence par la présentation d'une plante, son nom latin, son nom aborigène, ses caractéristiques, couleurs, action, et apporte une clé pour décrypter, l'histoire.

J'ai adoré ce roman, l'histoire de toutes ces femmes de Thornfield, leurs difficultés, leurs souffrances, est passionnante. outre Alice et June, tous les personnages m'ont plu, notamment la grand-mère June, Ruth qui est à l'origine de la passion familiale pour les fleurs, de Twig, à qui on enlevé ses enfants pour les confier à des blancs, et d'autres femmes qu'on découvre tout au long du roman. L'auteure nous propose des portraits de femmes extraordinaires alors que les hommes attirent peu la sympathie, à part certains…

Une scène m'a beaucoup marquée, par exemple : Clem décide d'aller faire de la planche à voile alors qu'il y a énormément de vent, et il prend Alice sur sa planche, l'assied devant lui et elle doit se tenir à ses jambes. Elle n'a que neuf ans, elle a peur et ne se comporte pas comme il veut, alors il la jette à la mer et s'en va sur sa planche sans se soucier de la suite. C'est Agnès, qui va se porte au secours de la fillette qui en réchappe de peu. Et au retour bien-sûr, toutes les deux doivent affronter sa colère, sa violence…

L'écriture est belle, tout autant que l'histoire ; Holly Ringland parle tellement bien de l'Australie, de la mainmise des Blancs, du mépris pour la culture aborigène, pourtant si riche, si proche et si respectueuse de la nature. Elle évoque notamment le parc naturel de Kilipitjara, avec la description d'un cratère où poussent des fleurs splendides, les pois du désert, qui serait selon la légende, le point de chute sur la terre du coeur d'une mère, de l'univers des étoiles, qui aurait laissé tomber son fils sur la terre, dans un moment d'inattention…

C'est le premier roman de Holly Ringland et c'est une belle réussite. Je craignais au départ, qu'il s'agisse d'un roman fleur bleue, c'est le terme qui convient puisqu'on est dans les fleurs, et il n'en est rien. En plus, la couverture est magnifique.

Même la postface est passionnante car l'auteure explique comment elle construit son récit, et quels sont les lieux qui existent réellement et ceux qu'elle inventés.

Je pourrais en parler pendant des heures, car les portes d'entrées dans sont multiples, comme les thèmes abordés, alors un conseil, si vous ne l'avez pas déjà lu, foncez !

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fayard Mazarine qui m'ont permis de découvrir et de dévorer ce roman.

#LesFleursSauvages #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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