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Critique de ladesiderienne


CHALLENGE PAVES 2015/2016 (14/15)

Je ressors de cette lecture complétement subjuguée par le talent d'Anne Rivers dont c'est ici ma première rencontre. "La Géorgienne" est l'épopée très dense d'Atlanta qui s'étend des années 30 aux années 70. L'auteure connait bien ce sud des États-Unis où elle vit et nous fait une démonstration étonnante de l'art de mêler l'histoire d'une ville et de ceux qui l'ont bâtie.

Après la guerre de Sécession, une génération d'hommes s'est consacré à la reconstruction d'Atlanta. Leurs descendants profitent maintenant, tandis que se profile à l'horizon le second conflit mondial, des retours sur investissements et constituent la belle société de la ville. Bien qu'arrivés plus récemment, Shep et Olivia Bondurant en font partie, et c'est d'un mauvais oeil, qu'ils voient débarquer devant leur porte Willa et ses trois enfants, salement abandonnée par son mari, le frère de Shep. Faisant contre mauvaise fortune, bon coeur, ils l'hébergent dans leur belle demeure de Peachtree Road. Et c'est ainsi que Shep junior, 7 ans , fera la connaissance de sa cousine Lucy, 5 ans, aussi timide et maladif qu'elle est casse-cou et impulsive. C'est pourtant leurs différences, ainsi que le manque d'attentions de la part de leurs parents, qui va unir les deux enfants et faire de Shep le chevalier servant de Lucy, même quand arrivera le temps de leur jeunesse dorée où la beauté incendiaire de la jeune fille fera des ravages. Mais Atlanta aime que l'on rentre dans le rang. Devenu adulte, Shep par manque d'ambition et parce qu'il préfère la compagnie des livres à celle des chiffres, refuse de prendre la succession de son père, victime d'une attaque cérébrale. Quant au comportement de Lucy, il est à l'opposé de ce qu'on attend d'une jeune fille sudiste blanche et de bonne famille.

J'ai beaucoup aimé vivre l'évolution d'Atlanta à travers le temps. Patrie de Martin Luther King et du Mouvement pour les Droits Civiques, elle a été la première ville sudiste à élire un maire de couleur. La plume de l'auteur est tout simplement d'un réalisme confondant. A travers les mots de Shep enfant, puisqu'il est le narrateur de l'histoire, on ressent tout le poids de la ségrégation raciale si bien enracinée dans les gênes, lorsqu'il compare les employés noirs de la famille à des meubles.
Dès le prologue, le lecteur comprend qu'il n'aura pas à faire à une saga familiale traditionnelle : "Le Sud tua Lucy Bondurant Chastain Venable le jour même de sa naissance. Simplement, son agonie dura jusqu'à maintenant.", mais il lui faudra parcourir plus de 500 pages (en tous petits caractères pour la version poche) pour connaitre l'apogée du drame.
J'ai trouvé les personnages féminins magnifiques : la si discrète Sarah, la bonne conseillère Dorothy, la serviable Malory et bien sûr, Lucy, si capricieuse, si excessive, si égoïste mais souffrant d'un tel manque d'amour paternel qu'elle passera sa vie à le chercher auprès de toutes ses rencontres masculines, ce qui l'entrainera doucement vers la folie et causera sa perte.

A travers l'histoire de ces quelques familles bien nées, c'est l'histoire d'une génération qui a participé par son travail à la renaissance d'Atlanta, suivie de celle qui l'a vue se transformer puis finalement lui échapper. Leurs derniers descendants font désormais figure de dinosaures. J'ai peut-être eu quelques difficultés à entrer dans ce roman, j'y ai trouvé aussi quelques longueurs mais petit à petit, l'écriture majestueuse d'Anne Rivers Siddons (qui demande aussi un temps d'adaptation) a su vaincre mes réticences et c'est un 16/20 qui clôt cette lecture.
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