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Citations sur La Géorgienne (7)

Cette première année de guerre fut et demeure nimbée d'un brillant halo d'excitation et de joie de vivre, d'un éclat d'innocent chauvinisme émanant, pour moi, autant de l'esprit de Lucy que de l'état d'esprit de l'Amérique en cette première phase du conflit. Pour la plupart des Américains, à l'exception de ceux qui y prirent réellement part, la Seconde Guerre mondiale fut un épisode extrêmement romanesque. Elle possédait tous les ingrédients d'un poème épique de Tennyson : impératif moral clairement défini, forces de la lumière et de l'ombre nettement distinctes, héros et méchants simples et plus grands que nature, sacrifices, violence autorisée, hommes braves luttant et mourant pour leur pays, femmes courageuses attendant leur retour.
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Il devrait y avoir un corpus littéraire sur l'homme rejeté comme il y en a sur la femme. Des femmes touchées par l'amour ou transpercées par la perte de l'objet aimé jonchent la littérature mondiale comme des roses brisées. Mais le mâle rejeté est un sujet de plaisanterie. Pis, il ne sait pas comment porter le deuil d'un amour perdu et qui le lui dira ? Ses amis, gênés, lui conseilleront de se soûler, de baiser une autre fille, de trouver un nouvel amour. Et surtout de se taire. La littérature ne lui étant d'aucun secours, il se traîne péniblement à travers sa souffrance - comme je le fis -, inconsolable et soupçonnant à juste titre d'être pour les autres un personnage ridicule et indésirable.
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En ces derniers jours tranquilles avant 1954, nous avions une vue simpliste des Noirs de notre monde. Apparemment, ils jouaient pour nous un double rôle : meubles et bouffons. Les Roses et les Gods de Buckhead avaient grandi dans une mer de visages noirs mais ces figures se trouvaient invariablement au-dessus de mains travaillant pour nous : nurses, cuisinières, femme de chambre, chauffeurs, jardiniers, femmes de ménage, voire nourrices sèches. Ils montraient pour nous une patience, un amour infinis et nous nous délections de leur chaleur, mais c'était la chaleur, le confort de vieux meubles anonymes, appartenant inéluctablement à notre maison. La plupart d'entre nous avaient conscience, à un niveau profond et jamais exploré, que nous avions pouvoir sur eux, même dans notre petite enfance, trop de cris, de larmes ou de plaintes et la nurse était renvoyée avant que notre petite bouche rose se soit refermée.
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Ce furent de sinistres retrouvailles. Je me souviens que tous pleuraient, même ceux qui n'aimaient pas particulièrement Kennedy. Nous savions que nous avions perdu bien plus qu'un président. Notre jeunesse était morte, notre enfance commune avait pris fin. Cette journée divisait le temps, et désormais nous verrions nos vies séparées entre ce qui s'était passé avant et ce qui se passerait après.
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Mais Lucy était pour moi l'être cher par excellence. Elle avait pénétré dans ma vie comme un tourbillon radieux, apportant avec elle la libération, le rire, l'enfance, et j'avais succombé sans qu'un seul coup de feu ait été tiré. En outre, j'avais accueilli la joie qu'elle avait fait naître comme le secret que j'attendais depuis si longtemps, et il ne m'était pas venu à l'esprit que je pouvais le perdre. Je faisais à présent l'expérience de la vulnérabilité, de la fragilité et du terrible pouvoir du monde.
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Le Sud tua Lucy Chastain Venable le jour même de sa naissance. Simplement, son agonie dura jusqu'à maintenant. Ce fut un meurtre dans les règles -conception classique, exécution sans faille. Une oeuvre d'art, vraiment. Et rien d'étonnant à cela. C'est ce que nous faisons de mieux, tuer nos femmes. Ou les mutiler. Ou en faire des monstres, ce qui est peut-être le pire.
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J'en suis venu à considérer que le grand cas que nous faisons ici de l'argent n'est pas tant un signe de pur matérialisme qu'une sorte de tic hérité de la période de pauvreté et d'humiliation qui suivit la guerre de Sécession. Nous avions constaté que la foi, la vaillance stupide n'avaient pas suffi à préserver nos terres et nos foyers. Nous avions vu que nos domaines pouvaient être détruits par des armées plus fortes, achetés par des carpetbaggers plus riches. La défaite laissa en nous une séquelle quasi génétique de peur, un sentiment d'infériorité, d'agressivité et, oui, de culpabilité, qu’apparemment, seul le baume de l'argent pouvait calmer. Aussi grossier que ce soit, cela nous a restitué une ville habitable en un temps très court.
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