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Critique de belette2911


On pourrait dire que cette histoire a commencé avec un chien qui s'est blessé au coussinet et que son maître, diplomate étranger, a emmené chez un vétérinaire consciencieux.

Comme les antibiotiques manquent cruellement, le véto a dû revoir plusieurs fois le chien et ce fut pour lui le début de la fin : on l'a accusé d'espionnage après l'avoir mis sous surveillance.

Mais ce serait trop simple de mettre tout sur le coussinet du pauvre chien car le responsable de cette horreur, c'est le système et tous ceux qui le font tourner, consciemment ou inconsciemment. Parce qu'ils aiment ça ou parce qu'ils le craignent.

Un système où la présomption d'innocence n'existe pas, où les dossiers se montent très vite, où l'on accuse sans preuve, où l'on condamne sans preuves (ou si peu) et où la dénonciation est encouragée et si vous ne dénoncez pas, on vous dénoncera pour "non-dénonciation". Vous me suivez toujours ?

Bienvenue dans le paradis du communisme, ce système où les inégalités n'existent pas mais où tu feras la file des heures pour un pain tandis que les dirigeants, les membres de la MGB et leur famille, ont accès à des magasins réservés pour eux et fourni en mets fins (vrai chocolat, oranges, citrons,…).

Un paradis où les vols et les crimes n'existent pas puisqu'on a gommé les inégalités (oui, faut le dire vite)… Permettez que je tousse ? le système ment sur les chiffres, transforme des meurtres en accident et ne vous avisez pas de dire le contraire…

La Russie fait partie de mes pays préférés en littérature, ce roman ne pouvait que m'intéresser, malgré tout, il a traîné longtemps sur mes étagères. La lecture m'a fait mal aux tripes, au coeur, partout, non seulement à cause des injustices criantes, mais aussi des accusations et condamnations sans preuves.

Dans nos pays, des avocates sont obligées de faire des tribunes dans les journaux pour nous expliquer que la présomption d'innocence existe, que si X accuse Y d'un crime abject, il doit y avoir une enquête et que le public ne doit pas hurler "au bûcher" sans même vérifier les dires de l'accusateur/trice, sinon, c'est la porte ouverte à n'importe quoi, notamment à ces systèmes de pays où l'Humain n'a aucune valeur.

Cette Russie communiste, cette Russie de Staline qui broie le peuple est décrite d'une manière qui s'intègre parfaitement bien dans le récit. L'auteur a étudié le pays, ses moeurs, son système, à tel point qu'on penserait le roman écrit par un Russe pure souche de l'époque.

Le personnage de Leo est abject et illustre bien les bénéfices du matraquage d'idées toutes faites et d'aphorismes qui ne servent que ceux qui les pondent. Dans sa tête, il sert la mère patrie, le communisme est sain et son pays magnifique. Il n'y a pas pire aveugle que celui qui souffre de cécité dans ses idées arrêtées et qui met les fautes sur le dos des autres. Pourtant, on peut changer et Leo va ouvrir les yeux…

Un roman sans temps mort, un roman qui vous emporte dans la Russie post-seconde guerre mondiale et qui ne vous laissera aucun répit, surtout du côté de vos tripes, de votre coeur, de votre âme.

J'ai beau connaître le côté obscur de l'Homme, avoir lu des livres sur les horreurs humaines, en avoir abandonnés certains tellement ils étaient effroyables (médecins de la mort dans des camps) et malgré tout, je suis toujours surprise par la perversion humaine, comme si j'étais le lapereau de l'année, la petite fille naïve qui croit toujours aux licornes et aux fées (ok, je connais une fée).

Là, une fois de plus, j'en ai pris plein ma gueule et elle me fait toujours mal.

Lire un roman qui se déroule en Russie est souvent source d'enchantement pour moi, mais j'en paie toujours le prix ensuite car je n'en ressors jamais indemne.

Bianca, qui faisait cette LC avec moi (et qui m'a fait sortir ce super roman qui croupissait dans ma PAL depuis plus de 6 ans) est en tout point d'accord avec moi, même si, tout comme moi, elle a trouvé le mobile un peu léger.

Mais ce n'était pas ça le plus important, c'était tout le reste : le communisme dans toute son inégalité, dans son horreur, le socialisme tel que je le déteste et qui n'avait rien à envier au capitalisme.
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