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Critique de thedoc


thedoc
17 septembre 2022
Alice, avocate quinquagénaire, voit un jour se présenter à son cabinet Lisa Charvet, 20 ans, victime de viol. Un procès a déjà eu lieu, condamnant à dix ans de prison son agresseur. Mais dans quelques mois, le procès repasse en appel et cette fois-ci, Lisa demande à Alice de la défendre. En effet, la jeune fille lui avoue très vite qu'elle a menti et qu'elle souhaite raconter toute la vérité.

Pascale Robert-Diard est journaliste et chroniqueuse judiciaire au journal le Monde. Les rouages de la justice et des procès, elle les maîtrise parfaitement bien. Mais contrairement à ce que l'on voudrait bien croire au début du récit, rien n'est ni tout blanc ni tout noir. « La petite menteuse » n'est pas l'histoire simple d'une jeune fille qui a menti, l'histoire d'un fille légère qui invente des choses pour reporter l'attention sur elle. Non. L'auteure, par le biais de ses personnages féminins, révèle combien les victimes sont de tout ordre et combien leur parole est plurielle alors que la justice ne veut en retenir qu'une version : un fait, un coupable, une victime. Certes, Lisa n'a pas été la victime de Marco Lange, le présumé violeur, mais elle l'a été de tout un système où des adolescentes comme elle deviennent rapidement des proies pour leurs comparses mâles, devenant « la salope du collège » parce qu'elle a le malheur d'avoir des gros seins qui les excitent. Lisa est ensuite prise dans l'engrenage d'une époque post-metoo où parfois la parole des victimes est tellement acceptée avant d'être étudiée que l'on en oublie que certaines sont fausses. Pétris de bonnes intentions, les adultes veulent tellement aider Lisa qu'ils lui ôtent les mots de la bouche et n'entendent que ce qu'ils imaginent.
Si le style ne m'a pas du tout convaincue – trop factuel et simple, j'ai progressivement entrevu dans le récit de Pascale Robert-Diard une analyse sociologique et psychologique intéressante sur les non-dits de l'adolescence et la violence qui la traverse, sur la fragilité du système judiciaire et sur la manière dont la parole des victimes est recueillie.

Un livre qui ne brille donc pas par son style mais qui a le mérite de nous interroger sur la fragilité de l'intime conviction.
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