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Critique de Popochanv


Je suis partagée.

Commençons par le style, assez simple, de l'écriture. Pas désagréable à lire mais sans la fluidité redoutable qui accompagne habituellement ces courts romans que l'on lit d'une traite.

Certains passages sont un peu caricaturaux et manquent de naturel, avec des procédés de narration relativement clichés. On comprend qu'Alice est une femme indépendante, inutiles sont les tartinades de « son île » et le forcing autour de la passion de l'avocate pour la nage glacée. Et si l'autrice souhaite nous attendrir avec la façon dont son personnage principal surnomme les jurés, c'est insuffisant pour moi, désolée. Théry reste le personnage le plus mal écrit de l'histoire, mais on ne le voit que très peu alors qu'importe…le personnage de l'adolescente, celui de l'accusé et celui du père auraient mérité d'être beaucoup BEAUCOUP plus traités, mais je doute que l'autrice en ait les capacités après le raté d'Alice (d'ailleurs qui d'autre a trouvé les noms super mal trouvés ??)
bref ne vous précipitez pas sur ce roman pour ses dialogues et ses protagonistes.

Ceci dit, la deuxième partie du bouquin est largement au dessus de la première. J'apprends que l'autrice est journaliste judiciaire, ce qui explique pour moi cette faiblesse des dialogues ( qui revêtent un petit côté Plus Belle La Vie) et la raison pour laquelle le style de l'autrice se révèle dès que le procès s'ouvre. On reconnaît à travers sa plume l'expérience de la nuance de Pascale Robert-Diard, qui a du voir son coeur balancer d'une conviction à une autre lorsqu'elle a couvert des procès, et la subtilité et fragilité avec laquelle les rôles de victime et d'accusé sont distribués dans un procès. Une éloge de la nuance qui révoque les certitudes : on peut mentir et être victime, qu'on peut avoir des gros seins et rester une enfant, on peut avoir la gueule tordue le regard pervers et ne pas être coupable des faits pour lesquels on est sur le banc des accusés en cours d'assise.

La plaidoirie de la fin est séduisante, la lecture est instinctive, le déroulé structuré et surprenant. Enfin des phrases qui ne semblent pas être disposées là toutes faites ! Magnifique entrée de la vulgarité et la trivialité si commune, si grave mais si significative (« la petite salope » et son inéluctable sort de fille à gros seins).

Sur le fond maintenant…même si toute féministe aura compris que l'autrice ne cherche pas à satisfaire les prêtres de la « présomption d'innocence » réservée aux hommes blancs puissants, il ne faudra pas qu'un petit malin se serve du roman de Robert-Diard pour les accuser de toutes mentir. Est-ce que ce roman intervient au bon moment ? Je ne sais pas !

Car, on va pas se mentir, même s'il y a des menteuses, on a surtout tendance à ne pas respecter la présomption d'innocence des femmes quand on les accuse de mentir en libérant 98% de leurs violeurs.
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