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Critique de BurjBabil


Andrew Roberts commence son livre en citant le « Vieux Lion » parlant de sa biographie : « c'est moi qui l'écrirai ». le ton est donné : on a affaire à un ego assez surdimensionné ! Mâtiné d'humour comme il se doit de l'autre côté de la Manche.
Car Sir Winston Churchill, qu'il agisse ou qu'il écrive, fabriqua simultanément son histoire et l'Histoire tant chez lui tout fût démesure : exploits de jeunesse, extravagance, excès de langage, grandiloquence, corpulence, train de vie de nabab, capacité alcoolique, kilomètres parcourus par tous les moyens de transport possibles et imaginables (180 000 km à l'étranger en tant que premier ministre). Et écrits autobiographiques et biographiques of course : 6 volumes, 4200 pages...rien que pour la seconde guerre mondiale ! N'oublions pas son prix Nobel de Littérature de 1953 . . .
Tout cela nous donne un récit trépidant, dont les chapitres s'ouvrent sur des citations « classiques » ou moins connues et même inédites. Ce personnage emblématique de l'Angleterre du vingtième siècle est ainsi abondamment décrit dans toutes ses contradictions, humainement. Pas d'hagiographie ici : on commente les faits rien que les faits, sans complaisance, pour le pire mais aussi pour le meilleur.
Les premiers chapitres par exemple, racontant ses aventures coloniales résonnent bizarrement aujourd'hui si on ne contextualise pas. Heureusement l'auteur le fait très bien grâce à la cascade de citations, de lettres qui mous rappellent que l'on est au début du vingtième siècle.
Ses doutes sont mis en exergue : par exemple en fin de livre , alors qu'une nouvelle bombe atomique était larguée sur Nagasaki, tuant plus de 40 000 habitants et forçant le Japon à capituler il expliqua aux Communes que la seule autre issue aurait été de « sacrifier un million de vies américaines, et 250 000 vies britanniques », en ajoutant : « La décision d'avoir recours à la bombe atomique a été prise par le président Truman et moi-même à Potsdam, et nous avons donné notre aval aux plans militaires pour déchaîner ces redoutables forces dormantes».
Mais plus tard, en Juillet 1946, il reconnaissait devant premier ministre canadien Mackenzie King que la décision de déclencher la bombe atomique était peut-être la seule chose pour laquelle l'Histoire lui demanderait sérieusement des comptes. « Il se peut même que mon Créateur me demande pourquoi j'y ai eu recours, mais je me défendrai avec vigueur en disant : “Pourquoi nous avez-vous laissé accéder à cette connaissance au moment où le genre humain se déchaînait au milieu de furieuses batailles ?”
Le livre fait le récit de toutes les prises de positions, prises de paroles (ce ne sont que citations de multiples sources) et on parcourt ce vingtième siècle anglais avec la faconde de ce géant qui semble en être le symbole vivant.
Car s'il ne fallait retenir qu'une seule idée, c'est que ce Monsieur (sorry, Lord !) croyait en sa destinée : il écrit dans « l'orage approche » : « J'avais l'impression d'être guidé par la main du destin, comme si toute mon existence préalable n'avait été qu'une préparation en vue de cette heure et de cette épreuve… On ne pouvait me reprocher ni d'avoir fomenté la guerre ni d'avoir négligé de la préparer. Je pensais connaître pas mal de choses sur la question, et j'étais sûr que nous n'allions pas défaillir. »
Un très beau livre sur un personnage hors normes.
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