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Critique de huberpascale


Emmanuel Roblès nous invite à la rencontre d'une Venise hivernale débarrassée de ses touristes. Nous suivons un photographe, Lassner, qui nous livre des instantanés magiques de la Sérénissime :
''Dans cette décomposition de la lumière, toutes les coupoles semblaient sans attache avec la terre comme des montgolfières à l'enveloppe richement décorée, immobiles dans cet espace sans profondeur"
Et Lassner rencontre la belle Hélène, une jeune française de 28 ans, qui s'est réfugiée à Venise pour tenter de se libérer d'un passé qui l'a enfermée dans un attentisme docile :
"De plus en plus, cependant, elle devenait consciente que, depuis son enfance, elle avait gardé une âme sans ailes, condamnée à se traîner au ras d'une existence étroite, sans possibilité d'envol ni d'évasion"
Emmanuel Roblès aborde en douceur le problème de la fragilité du bonheur et de la solitude des enfants en mal d'amour dont le passé devient une prison.
Hélène donne des cours à domicile. Emmanuel Roblès use de ce subterfuge pour nous présenter les différentes strates de la population vénitienne : les milieux aisés de la signora Fiorenza Poli et du jeune Sardi cloîtré dans sa riche demeure
"La maison qu'il habite, vaste, richement décorée, est peuplée de domestiques qu'Hélène aperçoit de loin dans les couloirs, toujours furtifs, glissants silencieusement sur les parquets luisants, jetant parfois vers elle un regard ennuyé"
Mais aussi le peuple qui travaille durement comme Anna-Maria qui s'intoxique dans une usine chimique de Marghera ou Amalia et son maçon de mari qui est occupé à réduire les infiltrations qui ruinent les rez de chaussée des demeures vénitiennes.
Le théâtre de ce roman est l'Italie des années 70 ; une Italie blessée par la corruption et des attentats terroristes dont Lassner devient le témoin et la victime : "Il se dit qu'avant lui, Scabia avait dû subir de semblables manoeuvres et connu cette solitude absolue de l'homme traqué, tourmenté par un ennemi sans visage"
Ce livre plane sur une Venise immuable, berceau des amants, qui se fait rattraper par une modernité naissante fiévreuse et tragique. La fresque est complète et la découverte intéressante.
Beau livre et très belle plume.


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