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Critique de YsaM


J'avais beaucoup aimé la messagère de l'ombre de la même autrice, j'ai acheté ce nouveau roman les yeux fermés et quel bonheur de retrouver la plume de Mandy Robotham dans un thème que j'affectionne particulièrement. J'ai adoré cette immersion dans le Berlin d'avant guerre, une ville si belle et si vivante, enlaidie par la haine de la machine nazi qui se met doucement mais sûrement en marche.

Etre journaliste pour une femme ce n'est pas évident en 1938, il faut toujours travailler deux fois plus que les hommes et leur montrer qu'on est capable de faire aussi bien qu'eux, sinon mieux. Georgie Young, qui se fait appeler Georges, l'a tout de suite compris et elle compte bien prouver à ses collègues masculins qu'elle mérite sa place au sein du journal où elle travaille, « le Chronicle » de Londres.

Son patron l'envoie à Berlin, Georgie parle couramment l'Allemand et elle est heureuse de retrouver ce pays où elle s'était rendue en 1936 pour couvrir les Jeux Olympiques. Elle va devoir travailler avec Max Spender mais la première rencontre est un peu tendue entre les deux journalistes et ça ne va guère s'arranger en arrivant à Berlin puisque Max, va, purement et simplement l'ignorer et la fuir, on ne comprend pas pourquoi d'ailleurs et on se met presque à détester ce Max, pour qui se prend-il !! Petit à petit cependant, on va découvrir que c'est un personnage attachant et son passé et sa famille ne sont peut-être pas étrangers à son attitude.

En posant le pied sur le sol Allemand, Georgie ressent tout de suite que le climat a changé, il n'est plus le même que celui de 1936, il y a d'abord tous ces drapeaux avec la croix gammée qui surgissent un peu partout, dans les édifices publiques, en ville, dans les administrations et même chez certains commerçants. L'ambiance est pesante, la jeune femme a toujours l'impression d'être suivie et surveillée. Les SS et la Gestapo ont l'oeil partout !

Mandy Robotham nous plonge dans cette atmosphère lourde, on la ressent en parcourant les lignes, on suffoquerait presque ! Notre correspondante prend vite ses marques, le fait de parler parfaitement l'Allemand l'aide beaucoup. Frida et Simone, journalistes elles aussi, lui proposent une colocation qu'elle accepte avec grand plaisir, doucement, elle s'imprègne des habitudes Berlinoises et fait connaissance avec tous les autres correspondants étrangers, un groupe dans lequel elle est bien accueillie, malgré le fait qu'elle soit une femme.

C'est le Ministère de la Propagande qui gère les accréditations des journalistes, c'est aussi cet organisme qui surveille tout et fait très attention à ce qu'aucune information préjudiciable au régime nazi ne sorte du pays. Georgie va souvent se retrouver dans ce lieu, elle sait qu'elle marche sur des oeufs et fait profil bas afin de ne pas trop se faire remarquer. Elle accroche bien avec Rod, un journaliste du New-york times qui n'a peur de rien et qui n'a pas sa langue dans sa poche, il a ses entrées partout et emmène la jeune femme dans les cafés et restaurants où elle pourra trouver des contacts intéressants pour son travail.

LE FÜHRER QUITTA VITE SON PERSONNAGE DE PACIFICATEUR DIVIN : D'ABORD, SA HAINE ET SA COLÈRE FURENT DISCRÈTES, MAIS TRÈS VITE, ELLES ENVAHIRENT SON DISCOURS ET SE RÉPANDIRENT COMME UNE TRAINÉE DE POUDRE. SON CORPS ÉTAIT RIGIDE ET IL TRANSPIRAIT L'ANIMOSITÉ : LES JUIFS, L'OCCIDENT ET LE COMMUNISME, TOUT Y PASSA, TOUT CE QUI N'ÉTAIT PAS PUREMENT ALLEMAND

Georgie rédige des petits billets d'humeur sur l'atmosphère de Berlin, elle y met parfois des sous-entendus afin de ne pas se dévoiler, en espérant que ses lecteurs comprendront, mais pourra-t-elle toujours fermer les yeux sur les agissements d'Hitler et ses sbires ? Elle se doit d'avertir le monde, de le mettre en garde, mais ce monde est-il apte à l'écouter ? Elle aimerait lui crier l'effroi qu'elle ressent avec les brimades quotidiennes dont sont victimes les juifs, avec le programme d'Hitler qui s'avère fou et dangereux. Elle reprend contact avec Rubin, un chauffeur de taxi avec qui elle avait déjà travaillé en 1936. Elle lui propose le job, il sera chargé de la conduire, mais Rubin est juif et il n'a plus le droit de posséder son propre taxi, il va pourtant se débrouiller pour trouver une voiture chez un ami et emmener Georgie partout où elle a besoin d'aller, il prend des risques mais il a besoin d'argent pour nourrir sa famille, les juifs ne peuvent plus faire grand chose, beaucoup de métiers leurs sont désormais interdits, beaucoup de commerces, de lieux et de quartiers aussi. Georgie, ébranlée par ces mesures injustes, cruelles et incompréhensibles se rapproche de Rubin et de sa famille qui est menacée, elle ne va pas hésiter un seul instant pour aider Rubin, sa femme et ses enfants à fuir le pays.

Elle est courtisée par Kasper, un soldat du reich qui ne la laisse pas indifférente, il est beau, prévenant, plein d'éducation, Georgie accepte avec plaisir les escapades qu'il lui propose dans la campagne Berlinoise, mais un soir, elle se rend compte que l'officier a les dents longues et surtout qu'il adhère totalement aux thèses d'Hitler, c'est un vrai SS très dangereux. Elle va pourtant prendre tous les risques et se servir de lui pour obtenir des informations afin de localiser le beau-frère de Rubin qui a été arrêté et déporté. Elle ne perd pas de vue non plus qu'elle doit absolument trouver une solution pour sortir Rubin et sa famille du pays.

Elle va aussi enquêter sur la disparition de Paul, un confrère du Chronicle avec qui elle devait travailler et qui est retrouvé mort, dans un canal, elle sait que ce n'est pas un accident. Paul détenait des informations compromettantes pour le Reich.

Puis vient cette fameuse nuit du 9 novembre 1938, la nuit de Cristal, Georgie et Max se sont offert une pause au cinéma et quand ils en sortent ils assistent aux horribles scènes de destruction des boutiques juives, les vitrines sont fracassées, les boutiques pillées, tout est déversé sur les trottoirs et brulé, les mots JUIF sont badigeonnés sur les portes, les propriétaires jetés dans la rue et tabassés avec femmes et enfants. Les synagogues sont en feu, les torah brulées, les rabbins molestés, ces scènes se reproduisent un peu partout dans la ville où il y a des juifs. Les pompiers sont là, ils ne bougent pas, ils ont reçu l'ordre de ne pas bouger ! Cette nuit là, Georgie et ses confrères comprennent qu'Hitler n'a peur de rien, d'aucune armée, d'aucun pays et que rien n'arrêtera sa folie meurtrière, ses envie de règne absolue, son désir de race Aryenne et son obstination à l'éradication du peuple juif.

C'ÉTAIT DÉCEVANT : MALGRÉ LES PHOTOS DE LA NUIT DE CRISTAL, LE MONDE N'AVAIT PAS EXPRIMÉ SA COLÈRE CONTRE L'ALLEMAGNE ET SON DIRIGEANT.

Arrive l'année 1939, Hitler s'approprie de nouveaux territoires, et les pays étrangers commencent enfin à réagir mais c'est encore trop frileux. L'étau se resserre à Berlin, la Gestapo est partout et les journalistes ont énormément de mal à faire leur travail correctement. Celui qui ose s'opposer à Hitler est tout de suite renvoyé dans son pays, il risque la déportation ou l'assassinat déguisé en accident. Georgie est prudente mais très active, elle peut désormais compter sur Max avec qui ils se sont rapprochés, c'est ensemble qu'ils construisent la fuite de Rubin et sa femme. Grâce à un contact à l'ambassade d'Angleterre, ils ont déjà réussi à exfiltrer les deux enfants du couple. Ils sont aussi décidés à faire connaître au monde, les agissements du fürher et ses funestes desseins vis à vis des juifs. Ils découvrent qu'il existe des camps de concentration.

Max et Georgie vont prendre d'énormes risques, ils sont tous les deux formidables et forcent le respect. Jusqu'où peut-on se jouer du Reich ? Il y a cette fois de trop, parce qu'ils sont dans le viseur des SS mais…… chut, je ne dévoilerai rien de plus !

Quelle merveille ce roman, l'autrice arrive à nous immerger totalement dans son histoire, on ne la lit pas on la vit et les personnages sont courageux et attachants. Ce plongeon dans le Berlin aux portes de la guerre est très intéressant, on croise des personnages pro Hitler, des gens abjects qui donnent la nausée mais on côtoie aussi beaucoup d'Allemands qui sont contre et résistent courageusement. La solidarité entre journalistes est remarquable, malgré la concurrence, la course au scoop, chacun a à coeur d'aider l'autre s'il est en danger. Puis il y a ce restaurant où tout le monde vient se détendre et partage ses informations, j'aime bien ce lieu d'échanges, je le trouverai presque rassurant dans tout ce chaos !!

Se retrouver au sein du groupe de journalistes, comprendre comment ils travaillent, comment ils obtiennent des informations, c'est très instructif. On se rend compte que Georgie est hyper compétente et qu'elle n'a pas usurpé sa place. le roman est bien construit, l'écriture est fluide, Berlin et ses cafés, les lieux fréquentés par les SS, le ministère de la propagande où sont conviés les journalistes, tout est parfaitement décrit, on s'y croirait ! Et il y a tellement d'autres choses encore dans ce roman que vous découvrirez en le lisant.

Amour, amitié, solidarité, courage, ténacité, abnégation, altruisme, voilà les mots clés de ce magnifique roman avec lequel j'ai passé un superbe moment. Ce livre c'est un coup de coeur, un énorme coup de coeur, je le recommande si vous ne l'avez pas encore lu.
Lien : https://jaimelivreblog.wordp..
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