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Critique de Lildrille


Un roman indescriptible

Claude Rodhain nous offre ici un ouvrage particulier, entre mystères, illusions, troubles et enquête endiablée. Une lecture qui se veut également perturbante ; les côtés les plus malsains de l'humain ressortent, le noir et le cruel nous sautent à la figure, portés par un personnage principal auquel il est difficile de s'attacher.

Pourtant, malgré ses nombreux défauts et excès, Vincent finit par nous toucher, aussi incompréhensible que cela paraisse. Entre deux mondes, il navigue en eaux agitées, parfois fou amoureux et tantôt violent et froid. Avec Déviances, l'auteur nous plonge dans un quotidien qui ne laisse pas de marbre et au sein d'une atmosphère déconcertante.

Près de deux cents pages qui vont à cent à l'heure, mais qui laissent l'intrigue de fond s'étioler sur les derniers chapitres. Une fois les secrets révélés, l'intérêt du lecteur décroit, au même titre que les déboires du héros disparaissent. Moins enfiévré, plus lucide, le héros n'en devient que plus dur et effrayant. Une fin en demi-teinte, même si la conclusion se veut plutôt encourageante. Comme le souligne le titre, le narrateur se cherche et se perd : c'est dans cet état qu'on apprend à l'aimer. Il galère, fait des erreurs, aussi perdu qu'à tout un chacun.

Des personnages difficiles à estimer mais efficaces

Le vocabulaire souvent cru et vrai marque et plaît ; le narrateur nous bouscule, alors que la vie ne lui fait pas de cadeau. Même si le lecteur apprend à le connaître au fur et à mesure, Vincent n'entre pas tout à fait dans son coeur, comme tous les autres personnages de ce roman, qui manquent de lumière pour nous emporter totalement.

Secondaires ou plus présents, ils semblent apparaître sous leurs pires aspects ; le mal humain assombrit tous ces caractères, qui penchent vers le noir même s'ils gardent tous du blanc en leur coeur. Imparfaits, menteurs, trafiquants, trompeurs, manipulateurs… Les qualificatifs mélioratifs se font rares au fil des pages. C'est le talent, la plume et l'imagination de l'auteur qui nous poussent à aller plus loin, qui nous aident à entrer plus profondément dans cette histoire pour en démêler tous les rouages.

Dans Déviances, on ne s'appesantit pas sur le superflu et les bons sentiments : ce roman constitue un thriller psychologique et sombre qui plaira certainement aux amateurs du genre. Cependant, il manquerait d'une figure ensoleillée pour contrebalancer, ainsi que d'une morale plus marquée. Malgré cela, les personnages restent efficaces dans leur proposition et description, on les imagine sans peine et on les observe d'un oeil attentif, curieux et assoiffé. La réalité dépeinte effraie par certains côtés, d'où le malaise ressenti : l'humanité dans toutes ses ténèbres.

Une intrigue captivante

Vincent semble en proie aux pires angoisses et, en même temps, à l'entourage le moins compréhensif du monde. du moins, au début. On cherche à déceler le vrai du faux, à démêler tous les mensonges et les illusions. Les peurs du personnage se mélangent aux faits réels, les angoisses vibrantes accompagnent tous ses efforts pour revenir à une vie « normale ». Cette perdition fascine, irrémédiablement. Ses questions deviennent les nôtres, il nous agace, nous énerve, nous frustre, tout à la fois.

Outre le héros, les méandres de l'enquête qui est menée prennent de l'ampleur, s'intensifient pas à pas. le partis pris infraction financière intrigue, les scènes graveleuses révulsent et attirent, les défaillances de Vincent questionnent et les faux semblants s'enchaînent. Les apparences n'ont jamais été aussi trompeuses que dans ce roman, l'auteur joue de nous et avec nous. Un plaisir et des surprises garantis ! Même la narration étonne par ses tournures et sa construction unique, surtout quand certains points de vue se mélange sans pour autant nous perdre. Claude Rodhain possède une plume qui se remarque et qui mérite d'être lue.

En bref

Un roman qui détonne et étonne : une enquête bien menée et qui ne souffre pas de temps mort.

Une intrigue captivante mais qui s'étiole sur la fin : le héros perd de son côté mystérieux et viscéral, notamment quand tout est révélé.

Des personnages qui fascinent mais auxquels il est difficile de s'attacher : peu de lumière, et trop de vices, même si le roman se veut réaliste, peut-être un peu trop.

Une atmosphère suffocante et des apparences trompeuses : une fin satisfaisante dans la résolution de l'enquête.

Une plume qui marque : des dialogues au langage cru, une narration qui mélange les points de vue.

[Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : https://www.lavisqteam.fr/?p=62282

J'ai mis la note de : 15/20]
Lien : https://www.lavisqteam.fr/?p..
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