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Critique de Paola93130


Timor Oriental. Vous connaissez? Vous n'en avez peut-être jamais entendu parler. C'est un petit pays, toute jeune démocratie qui a tellement souffert…
Le récit commence dans une ambiance oppressante et moite, de chaleur et de pluie de mousson. Paulino Conceição, un habitant de l'ile, ne supporte plus de souffrir, de mourir à petit feu. Son angoisse palpable le mène dans une église, à la recherche d'un prêtre qui va écouter son indicible confession.
Pour en savoir plus sur l'histoire politique de cette petite ex-colonie lusitanienne, rendez-vous sur Wikipédia : vous en apprendrez plus qu'avec moi. Sachez seulement que, tant sous l'aile portugaise, comme après son invasion par l'Indonésie, ce peuple a subi, enduré, supporté et comme il n'y a pas de pétrole à explorer au large de ses côtes, la communauté internationale ne s'en est pas beaucoup inquiétée. Bien sûr, il y avait le péril communiste….mais tant que Suharto s'amusait à couper des têtes ou des corps en morceaux sans trop de grabuge…Il tenait en joue les éventuels bolchéviques .Seulement, voilà, ses sbires ont fait un excès de zèle : le jour du tristement célèbre massacre de Santa Cruz….
12 novembre 1991. Un cimetière où les fidèles (97% de la population est catholique) sont allé prier pour leur morts, comme souvent. Un groupe de jeunes a commencé une petite manifestation pacifique. Les soldats ont ouvert le feu sur la population: ils ont le droit, les deux pays sont en guerre depuis près de 20 ans. En guerre, en guerre…façon de parler. Dans une guerre, les deux côtés luttent. Dans ce cas, disons que l'Indonésie décime et que Timor souffre. Les journalistes qui sillonnent le territoire ont capté ces images terribles de mort en direct. Un jeune homme, une balle dans le ventre, agonise au son du « Je vous salue Marie » que ses compatriotes, qui essayent de le transporter en lieu sûr, récitent en pleurant. Des femmes et des enfants courent dans tous le sens. Un vieillard que l'on piétine, une jeune fille heureusement abattue….elle ne sera pas violée. 271 morts, ce jour-là. Pendant plusieurs semaines, les soldats indonésiens traqueront ceux qui sont suspectés d'avoir été sur place au moment des faits et qui auraient eu la chance d'en réchapper.
J'ai vu ces images…quelques heures plus tard, à la télévision.
Et c'est la goutte qui a fait déborder le vase : Clinton, Barroso, le Pape…tout le monde s'y met. On force le referendum (pour l'indépendance) qui sera reporté plusieurs fois .Le Portugal se réveille et, comme ancien colonisateur, comme pour se faire pardonner, tout le monde bouge. On attribue le Prix Nobel de la Paix à Dom Ximenes Belo et à José Ramos Horta en 1996. Les chanteurs, acteurs, écrivains et, enfin, les hommes politiques portugais font pression….L'ONU s'en mêle. Nelson Mandela visite Xanana Gusmão, activiste qui deviendra le premier président de Timor démocratiquement élu, en prison. le oui au référendum pour un Timor indépendant est enfin reconnu.
Le 2 mai 2002, Timor est enfin libre….
José Rodrigues dos Santos est aimé de la grande majorité des portugais. C'est notre journaliste préféré, roi incontesté du « 20h00 » télévisé sur la première chaine publique. Un peu notre David Pujadas ou notre Mari-Claire Chazal. Même s'il fait parfois polémique (tant au niveau politique comme sur le plan littéraire), il plait. Sutout à la gente féminine : il nous salue d'un clin d'oeil amical (littéralement) en fin d'émission, tous les soirs. Aaaaah, M'sieur José…..comme on aime vos grandes oreilles décollées….
« A ilha das trevas » mêle la grande Histoire à la petite. La réalité et la fiction. Ça se lit très bien, l'écriture est claire, fluide, prenante. On apprend, en détails, tout ce qui s'est passé, comme dans un compte-rendu journalistique, au cas où quelque chose nous aurait échappé à l'époque. Mais on s'attache aux personnages, fictifs mais tellement réels, on souffre avec eux et on hurle à la mort, sur la fin tragique de l'histoire de Paulino Conceição.
J'ai eu la malheureuse idée de finir les derniers chapitres de ce roman un jour de plage. En faisant bronzette, j'aurais voulu crier de douleur et j'ai difficilement retenu mes larmes en lisant les dernières scènes.
Merci, Mr. José Rodrigues dos Santos.
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