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Critique de Prudence
Un livre que j'avais besoin de lire, qui me parle de mes ancêtres européens et particulièrement Lorrains.
L'image de la sorcière rôde toujours autour de nos inconscients et j'avais besoin de savoir, de lire, de palper la vie des gens au XVI et XVIIème siècle, comprendre leur misère, la rudesse de leur vie, leur inculture, leur désespoir pour comprendre leur haine et leur folie destructrice. Il fallait un coupable à l'Église pour réaffirmer son pouvoir, aux gouvernements pour apaiser la colère des famines, ces deux pouvoirs se sont ligués pour écraser les plus faibles et les offrir en pâture, en bouc émissaires à la population exsangue.
La chasse aux sorcières s'inscrit dans un contexte social très bien décrit par l'auteur et qu'il est indispensable d'avoir pour éclairer la situation. L'Église devient suffisamment forte pour asseoir son pouvoir mais commence à être menacée à l'Est, elle doit montrer sa toute puissance. La Lorraine est ravagée par des guerres successives, coincée entre la France et l'Allemagne, comme écrasée. Les ducs veulent montrer leur allégeance en étant plus royalistes que le Roi. Tout cela fait de la Lorraine une terre particulièrement marquée par la violence des chasses aux sorcières.
On estime le nombre de victimes à l'époque à 3 000 personnes (directement, pas les dommages psychiques collatéraux). Si on traduisait par rapport à la population française actuelle, cela représenterait plus de 300 000 morts (deux fois plus que le covid).
Le contexte est aussi marqué par des problèmes météorologiques ayant causé des famines et du cannibalisme.
Les analyses sociologiques, politiques, géographiques, etc. sont excellentes. Les femmes représentant 3/4 des victimes, j'aurai aimé un peu plus d'analyse féministe, mais c'est lié à mon propre engagement.
Il y a une énorme analyse démographique (avec les moyens du bord) qui est passionnante!
La dissection de ces mécanismes, connus pour qui veut bien chercher, des pouvoirs institutionnels souhaitant (ré) affirmer leur pouvoir en désignant des boucs émissaires, est excellente, parfaitement claire, illustrée et amenée. Très beau travail!
Sur tout le tiers inférieur du livre, l'auteur a écrit sur fond orange le "Mémorial des "sorcières" de Lorraine" avec les noms, prénoms, surnoms, date de mort, condamnation, lieux... en fonction de ce qui a pu être retrouvé, des personnes accusées par la "Justice" de l'époque.
Ce mémorial mentionne plus de 2 200 noms sur une période de 50 ans.
La conclusion est lire et relire soigneusement, elle contient une mise en garde essentielle.
C'est un ouvrage d'une qualité remarquable, que je recommande chaudement!
L'image de la sorcière rôde toujours autour de nos inconscients et j'avais besoin de savoir, de lire, de palper la vie des gens au XVI et XVIIème siècle, comprendre leur misère, la rudesse de leur vie, leur inculture, leur désespoir pour comprendre leur haine et leur folie destructrice. Il fallait un coupable à l'Église pour réaffirmer son pouvoir, aux gouvernements pour apaiser la colère des famines, ces deux pouvoirs se sont ligués pour écraser les plus faibles et les offrir en pâture, en bouc émissaires à la population exsangue.
La chasse aux sorcières s'inscrit dans un contexte social très bien décrit par l'auteur et qu'il est indispensable d'avoir pour éclairer la situation. L'Église devient suffisamment forte pour asseoir son pouvoir mais commence à être menacée à l'Est, elle doit montrer sa toute puissance. La Lorraine est ravagée par des guerres successives, coincée entre la France et l'Allemagne, comme écrasée. Les ducs veulent montrer leur allégeance en étant plus royalistes que le Roi. Tout cela fait de la Lorraine une terre particulièrement marquée par la violence des chasses aux sorcières.
On estime le nombre de victimes à l'époque à 3 000 personnes (directement, pas les dommages psychiques collatéraux). Si on traduisait par rapport à la population française actuelle, cela représenterait plus de 300 000 morts (deux fois plus que le covid).
Le contexte est aussi marqué par des problèmes météorologiques ayant causé des famines et du cannibalisme.
Les analyses sociologiques, politiques, géographiques, etc. sont excellentes. Les femmes représentant 3/4 des victimes, j'aurai aimé un peu plus d'analyse féministe, mais c'est lié à mon propre engagement.
Il y a une énorme analyse démographique (avec les moyens du bord) qui est passionnante!
La dissection de ces mécanismes, connus pour qui veut bien chercher, des pouvoirs institutionnels souhaitant (ré) affirmer leur pouvoir en désignant des boucs émissaires, est excellente, parfaitement claire, illustrée et amenée. Très beau travail!
Sur tout le tiers inférieur du livre, l'auteur a écrit sur fond orange le "Mémorial des "sorcières" de Lorraine" avec les noms, prénoms, surnoms, date de mort, condamnation, lieux... en fonction de ce qui a pu être retrouvé, des personnes accusées par la "Justice" de l'époque.
Ce mémorial mentionne plus de 2 200 noms sur une période de 50 ans.
La conclusion est lire et relire soigneusement, elle contient une mise en garde essentielle.
C'est un ouvrage d'une qualité remarquable, que je recommande chaudement!
