AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de nilebeh


Premier roman d'une journaliste d'investigation, « La Plume » relate le dérapage en direct d'un candidat à son second mandat présidentiel, Jean Debanel. Dans la salle, un étudiant au sourire de Joconde semble avoir produit la catastrophe.
Point de départ de l'enquête de la journaliste débutante Christelle Knox, cet incident nous emmène dans les arcanes du pouvoir, les secrets des politiques, où se côtoient sexe, drogue, argent sale, débauche, crimes sexuels couverts par des cadeaux somptueux, racket : un monde glauque, sale, sans espoir, sans grandeur, sans idéal politique, sans gloire. On ne trouve pas un homme politique, ni même un collaborateur (le joli mot...) pour redorer un peu l'image de ce milieu.

Ce n'est pas mal écrit (malgré quelques fautes de syntaxe relevées), il y a une sorte de suspens, des portraits psychologiques assez bien troussés, un regard personnel. Mais justement, c'est ce regard qui me dérange. Systématiquement négatif et goguenard, une analyse à charge en permanence, une langue qui par moments bascule dans la vulgarité , un je ne sais quoi d'arrogance parisienne ou franco-française qui va aboutir pour certains lecteurs au fameux « Tous pourris » qui fait florès en ce moment.

N'est-il pas un peu facile, de derrière son micro ou son ordinateur, de porter un jugement aussi méprisant sur les hommes qui nous gouvernent ? Tous pourris ? Non, il existe de véritables hommes politiques de qualité, soucieux du bien-être de leurs concitoyens, de l'amélioration des conditions de vie pour tous, pas seulement pour une élite du centre de Paris. Tous ne s'enrichissent pas (jetez un coup d'oeil sur leurs rémunérations), tous ne finissent pas à émarger dans de juteux conseils d'administration ou à donner des conférences très bien rémunérées. Tous n'ont pas un manoir, un yacht, un ryad au Maroc.

Il est facile, voire démagogique, et dangereux de propager une telle conception des hommes politiques La démocratie a ses forces et ses faiblesses mais, à trop décourager les électeurs, à trop répandre répandre l'idée que le pouvoir est pourri (même si je reconnais qu'il peut être corrupteur), on prend le risque de semer, arroser, et faire croître, les idées les plus simplistes, les plus populistes, les plus redoutables.

Enfin, je n'aime guère les romans dits « à clefs », car ils s'adressent à un tout petit monde de gens qui se disent « initiés » et vont ricaner en tournant les pages. Excluant de fait les lecteurs qui n'ont pas l'honneur de manger la même soupe qu'eux, dans laquelle ici on les voit cracher allègrement.
En conclusion, un livre opportunément sorti en mars 2017 (comme quoi, on peut aussi gagner son pain en le trempant dans la soupe sale) dont on aurait pu faire l'économie.

Lu dans le cadre de l'opération « 68 1ères fois »
Commenter  J’apprécie          32







{* *}