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Critique de chapochapi


Ceci n'est pas une autobiographie, mais y ressemble par bien des aspects : l'auteur joue avec sa propre histoire pour inventer celle d'un autre et ses questionnements en particulier.
Un jeune homme, qui a fait toutes ses études en France, revient dans son pays d'origine, le Liban, sur la demande d'un ami, Roman. Alors que le narrateur n'avait jamais souhaité revenir, cet appel (dont le motif ne sera jamais donné) l'amène à prendre l'avion et, durant le trajet, à s'interroger sur son identité, sa langue, ses idées d'alors et d'à présent. Ce sont donc ses pensées, durant ce long vol Paris- Beyrouth, que nous livre le narrateur, non pas en vrac, mais en tous cas d'un seul bloc. L'absence de paragraphe marque l'absence de hiérarchisation des sujets, de leur enchaînement : tout se bouscule dans cet esprit à peine dérangé par un voisin de siège envahissant.
Le narrateur raconte la présence tout aussi envahissante de ce Roman dans ses propres réflexions avec des mises en abyme multiples qui brouilleraient presque l'énonciation. Reprenons : Oliver Rohé, jeune homme libanais, écrit le récit d'un jeune homme libanais qui revient au pays, qui lui-même raconte les pensées –devenues siennes- de/ d'un Roman qui lui-même affirme que, petit, il avait tendance à s'identifier aux autres et à leur prendre leurs tics. Et l'on se demande, comme le personnage, ce qui fait qu'un homme s'est constitué lui-même et a élaboré ses propres réflexions, quand on s'identifie à ces nombreuses instances narratives et qu'on partage les idées de Roman.
Pour le narrateur, ce brouillage est plus profond et plus violent car il s'opère avec un ami (Roman) resté dans ce pays que le narrateur a tout fait pour oublier : en essayant, vaille que vaille, d'oublier la langue et de s'approprier le français comme langue maternelle ; en refusant de revenir, en rejetant les stigmates de la guerre, les ruines, la violence quotidienne.
C'est en essayant de démêler ses idées de celles de son ami, en essayant d'exister seul dans son esprit que le narrateur ressasse tout ce qui l'éloignait du Liban. Ce faisant, il s'ancre chaque fois plus profondément dans son histoire et, sans faire la paix avec elle, semble pourtant l'accepter davantage.
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