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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Empire of the Dead, act one (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 1 à 5 qui constitue le deuxième acte, initialement parus en 2014, écrits par George Romero, dessinés par Dalibor Talajić, encrés par Talajić, Rick Magyar et Goran Sudzuka. La mise en couleurs a été réalisée par Rain Beredo.

Le maire Ronald Chandrake effectue une visite dans le centre d'entraînement des zombies. Il interroge Paul Barnum qui lui apprend qu'ils appliquent les nouvelles méthodes préconisées par la docteure Penny Jones. le zombie Xavier fait montre d'une affectation paternaliste (ou de grand frère) vis-à-vis de l'orpheline Jo.

Ailleurs, dans une planque, Bill Chandrake (le fils du maire) enregistre des émissions clandestines pour se porter candidat, afin de remplacer son père. À l'hôpital, Melody éprouve un besoin irrépressible de boire du sang. Dixie Peach est toujours coincée à New York, alors que son second et sa troupe ont trouvé des armements en banlieue. Lilith, la femme du maire, recherche une nouvelle source de distraction (parce que l'immortalité c'est long, surtout vers la fin).

Le lecteur découvre avec plaisir la couverture d'Alexander Lozano qui réalise 5 images (une couverture par épisode) très évocatrices. Il constate avec moins de plaisir que ce deuxième acte n'a pas été mis en images par Alex Maleev. Talajić réalise des dessins de nature réaliste, avec un degré de simplification raisonnable. Toutefois il a tendance à accentuer discrètement quelques courbes (ou peut-être est-ce du fait des encreurs), donnant une apparence un peu lisse à quelques cases.

Talajić représente régulièrement les décors, plus régulièrement que dans un comics de superhéros. Il leur applique toutefois ce degré de simplification qui a tendance à les rendre un peu fades, et parfois même génériques. Il apporte plus de soin à dessiner des vêtements réalistes, et variés, permettant aux personnages de s'incarner davantage que les environnements. Il utilise peu de traits pour dessiner les visages et les expressions. le résultat permet au lecteur de reconnaître chaque personnage, par contre les expressions ne sont pas très nuancées.

La densité d'informations visuelles pas toujours assez élevée est compensée par une mise en couleurs assez sombre, recourant à un nuancier maîtrisé, à la fois restreint pour ne pas donner l'impression d'une ambiance de fête foraine, et à la fois assez large pour que chaque forme se distingue bien de la voisine. La partie graphique ne bonifie pas le scénario, mais elle est assez professionnelle pour ne pas le rendre ridicule par une représentation trop enfantine.

Malgré tout, le lecteur est un peu déçu qu'un récit de de George Romero ne bénéficie pas d'une attention éditoriale suffisante pour qu'il puisse être mis en images par un dessinateur plus talentueux. Lors du premier tome, le scénariste avait mis en place la situation : New York, ville préservée, où vit encore une large communauté d'êtres humains normaux. Toutefois des zombies sont présents dans cette société, sous une forme domestiquée, et dotés d'un peu d'intelligence. En outre cette communauté est dirigée (et donc exploitée) par des vampires, c'est-à-dire des créatures qui en aspirent le fluide vital. Il y avait là une métaphore pas forcément si subtile que ça du monde la finance (= le monstre créé par le capitalisme) prospérant en se gavant sur le dos des travailleurs.

Dans ce deuxième tome, cette métaphore perdure, avec la mise en avant que la communauté des vampires n'est pas soudée. le maire Ronald Chandrake domine cette meute assoiffée de sang par la force et la brutalité, en réprimant tout signe de révolte ou de sédition parmi les vampires. L'homme demeure un loup pour l'homme, même lorsqu'il est devenu vampire, même quand il fait partie de l'élite des plus riches.

Romero reprend l'archétype du héros mâle, blanc, au passé mystérieux en la personne de Paul Barnum, un symbole patriarcal venant au secours de la pauvre Penny Jones, totalement subjuguée par le ténébreux vampire Il n'y a pas d'interprétation innovante de ces figures du roman. Il est également assez difficile d'interpréter ce que peut symboliser le zombie Xavier, si ce n'est un prolétariat anonyme, une chair à canon engloutie par la société capitaliste qui n'a cure de son identité. Romero continue de décrire les agissements de la clique de Dixie Peach, mais le lecteur sent bien qu'il ne s'agit que d'un dispositif narratif pour apporter une résolution dans le tome suivant.

La lecture de ce deuxième acte n'est pas désagréable car il s'agit d'un ouvrage exécuté par des artisans compétents. Elle peut s'avérer en deçà des attentes du lecteur dans la mesure où les dessins sont juste fonctionnels, sans apporter une autre dimension au récit, et dans la mesure où George Romero ne donne pas l'impression de filer sa métaphore sur les zombies et les vampires, recentrant son récit sur son intrigue, plutôt que sur une critique de la société. 3 étoiles pour un récit en deçà de l'horizon d'attente du lecteur, ou 4 étoiles pour un récit original sans être indispensable.
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