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Critique de PortoPolar


Un livre aussi dur à lire qu'a en faire sa critique. Quel drôle d'ouvrage!

Dur à lire car moi qui ai l'habitude d'engloutir les romans que j'ouvre, j'ai mis un temps anormalement long à finir Mort sur le tage, en dépit d'un contexte favorable. J'habite au Portugal et j'ai choisi ce livre complètement au hasard dans le maigre rayon francais d'une Fnac locale. Hasard qui m'a suivi jusqu'à une soirée en déplacement à Lisbonne, sur les lieux du crime donc, coincé avec "le meilleur polar portugais de l'année".

Connaissant et appréciant cette ville un peu particulière, c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé certains lieux et ait pu en imaginer d'autres sous un angle bien sombre qu'il est difficile de soupçonner en tant que touriste ou simple habitant. Une partie des personnages, la famille Teles, est aussi très intéressante car représente ces huiles lisboètes que la réussite sociale a libéré de toutes contraintes (et lois?)
Bref, s'annonce une plongée tout a fait excitante dans un Lisbonne criminel.

Le plaisir, reste pourtant mitigé en tant que lecteur, et ce pour deux raisons selon moi :

- La 2ème partie des personnages, différents russes dont Oulianov notre héro, un ancien militaire-criminel-prisonnier de l'ex URSS, ainsi qu'une floppée de migrantes rattrapées par la désillusion et la prostitution. Cette ambiance m'a moins intéressé, pour ne pas dire carrément ennuyé à de nombreuses reprises. La proposition narrative n'est pas inintéressante mais ça m'a paru très arbitraire et peu représentatif d'une quelconque situation sociale portugaise réelle (qui doit pourtant bien exister mais que je ne connais ou n'estime pas vraiment.) et cela n'a pas bien marché sur moi.

- L'autre problème et pas des moindres que je n'ai pas compris est l'écriture. La seconde partie du livre, plus ancrée dans l'action est le suspens, se prête bien à l'utilisation exclusive du présent et se lit avec envie, en revanche, les 2 ou 3 cent premières pages sont parfois assez lunaires dans le style. Je ne sais pas si c'est du à la langue portugaise que je ne maitrise pas assez bien (mais je ne pense pas, ça reste une langue latine), à des largesses de la traductrice ou à une incompréhensible volonté de l'écrivain mais certains passages semblent presque écrits par une intelligence artificielle, voire parfois par un enfant. Présent de l'indicatif exclusif, y compris pour parler du passé. Mono rythme : que ce soit pour fermer la porte d'une voiture ou tuer une personne, l'intensité de l'écriture est identique. Fade.
Au delà du fait que cette première partie me fut très pénible à lire, cette particularité diminue aussi grandement la possibilité d'attachement que nous avons pour Oulianov qui parait être un robot sans sentiment qui se fout de tout et dont l'identification au personnage est rendue particulièrement difficile.

Pourtant, au fil du récit, les ingrédients finissent par faire recette! La situation terrible dans laquelle se retrouve notre Russe tout autant que les agissements des sombres merdes que sont les fils Teles, eux, parfaitement retranscris, nous prend aux tripes.
La construction de l'histoire surprend, la présence de O Diablo dont je ne révèlerai pas grand chose ici prend tout son sens en révélant finement différentes caractéristiques de certains personnages. La forme de l'enquête est aussi très originale, et comme notaient différents lecteurs, il n'y a presque pas de police dans ce policier!

Finalement et même si j'ai pesté plusieurs fois "mais comment on peut accepter de sortir un tel truc à la vente?" sur le début avant de finir le livre avec un plaisir global restant tout relatif, je me rend compte que Mort sur le Tage a de grandes chances de rester bien ancré dans ma mémoire et dans mes réflexions comme un roman atypique et intéressant.
Ce paradoxe rend la notation délicate et je met 2.5 étoiles, partagé entre le plaisir que j'ai eu à lire (1/5) et les traces que ce livre laissera en moi (4/5)
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