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Critique de Bouteyalamer


Le roman décrit la réflexion et le quotidien d'une personne sourde profonde qui hésite à recevoir un implant cochléaire. Il est formé de quatre-vingts très courts chapitres et s'achève par l'induction de l'anesthésie — nous ne connaitrons pas l'issue de l'intervention. La forme est originale, comme le titre, cherchant la complicité du lecteur dans l'humour courageux, l'auto-ironie, les démonstrations pseudomathématiques, la pure fantaisie. La narratrice est abonnée à la Revue anarchiste des neurosciences. Un autre sourd est « membre d'une association de sourds de l'oreille gauche et appareillés à l'oreille droite sponsorisée par la marque Atavix ». Les expériences professionnelles s'inspirent des nothons de Boris Vian. La recherche d'originalité est déroutante, mêlant personnages plausibles (amis, amants, soignants, collègues, employeurs) et fantasmés (le chien borgne, le soldat indiscret, la botaniste à la recherche de plantes miraginaires). La mésentente entre sourds et entendants est bien transmise dans les passages marqués de gravité : « Mes forces se fracassaient sur tous les malentendus. Chaque mot incompris devenait une injustice de plus. J'avais beau tendre mon cou, diriger mon regard sur les lèvres, écarquiller mes paupières, polir mon lexicographe interne, garder confiance et me répéter : “tu vas l'avoir cette phrase”, l'échec envahissait mon existence ». En revanche on ne sait rien, sinon de façon allusive, de l'opposition parfois militante entre oralisme et langue des signes, entre communauté sourde et communauté entendante. Un premier roman prometteur.
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