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Critique de gerardmuller


La Guerre du feu
J.H. Rosny Aîné (1856-1940)
« Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort ! »
Ainsi commence ce récit épique au style poétique et aux accents hugoliens. Une ambiance de Légende des siècles règne tout au long de cette épopée.
Ils ont perdu le feu et pourtant « ils l'élevaient dans trois cages depuis l'origine de la horde : quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour. »
On notera que pour les hommes de l'époque, le Feu était considéré comme un animal qu'il faut nourrir et protéger. Hélas, une horde ennemie a détruit deux cages et dans la troisième cage pendant la lutte, on l'avait vu défaillir, pâlir et décroître avant de mourir. Alors « ils connurent que leur descendance était menacée dans sa source et que les forces du monde devenaient plus formidables : ils allaient rôder, chétifs et nus, sur la terre. »
Faouhm le chef de la horde décide que Gammla, la fille du Marécage, appartiendra à celui qui ramènera le feu : la compétition est rude entre Aghoo et Naoh, deux prétendants. Naoh, le fils du Léopard, qui est l'émanation de la race , la puissance humaine devant le mystère cruel de l'Univers, le refuge qui abriterait la horde, choisit deux solides marcheurs, Nam et Gaw pour partir à la recherche du Feu.
le moment du départ pour la grande aventure est proche : « c'était l'aube suivante. le vent du haut soufflait dans la nue, tandis que, au ras de la terre et du marécage, l'air pesait, torpide, odorant et chaud… Ils pressentaient le trouble tragique d'où sortira, après les siècles des siècles, la poésie des grands barbares.» Ils assistent plus loin au premier point d'eau à la bataille titanesque entre aurochs et mammouths. Puis reprennent leur chemin observant les saïgas, les hémiones, les élaphes et autres urus. Il rêve au Feu, la plus terrible et la plus douce des choses vivantes. Naoh imagine la quiétude d'une halte avec l'arôme des viandes rôties, la chaleur tendre et les bonds roux de la flamme, mais l'ennemi rôde parmi les halliers…Ce seront les Dévoreurs d'Hommes, puis les Nains Rouges, puis les Wah jusqu'au jour où du haut d'un mamelon, cachés parmi les herbes drues et secoués d'une émotion terrible, Naoh et ses compagnons voient le Feu au main de l'ennemi : « Il y avait des flammes lovées comme des vipères, palpitantes comme des ondes, imprécises comme des nues. » Mais ils connaissent l'échec dans leur entreprise de s'approprier le Feu et une tristesse incommensurable les étreint.
La rencontre avec les mammouths est un moment magnifique de ce roman et bientôt l'animal et l'Homme se comprennent et font alliance. « Or le soleil s'ensanglanta dans le vaste occident, puis il alluma les nuages magnifiques. Ce fut un soir rouge comme la fleur de basilier, jaune comme une prairie de renoncules, lilas comme les veilleuses sur une rive d'automne, et ses feux fouillaient la profondeur du fleuve : ce fut un des beaux soirs de la terre mortelle, l'alliance des hommes du nord et des mammouths. »
La recherche du Feu se poursuit à travers les plaines muettes et les couchers de sommeil se succèdent tandis que les batraciens s'appellent de leurs voix vieilles et tristes, et que les chauves-souris vacillent parmi les noctuelles.
Les rencontres vont instruire les trois hommes et celle des Hommes sans épaules qui cachent le Feu dans les pierres est déterminante pour l'avenir de l'Homme.
Nos trois hommes vont connaître encore bien des aventures avant de réussir dans leur entreprise.
J'ai relu cette épopée préhistorique lue il y a bien longtemps pour la première fois, et ce avec un immense plaisir. Ce prodigieux voyage imaginaire à l'aube de l'humanité est parfaitement relaté par l'auteur en un style épique et envoûtant, mêlant aux balbutiements de l'histoire de l'Homme le foisonnement des animaux et les bruits de la forêt.
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