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Critique de gill


gill
22 décembre 2018
Je me souviens d'un temps, pas si lointain, où, en notre bon vieux Cotentin, le patois résonnait généralement comme mal dégrossi.
Comme une vieille boue séchée, il semblait s'être malencontreusement accroché aux câocheures du plouc.
Le "pays", négligeant son vieux parler, avait oublié qu'il était celui du vieil oncle, celui du conteur qui louait aussi bien la vie quotidienne que les vieilles légendes.
Alfred Rossel, qui fut chanté par Charles Gohel, était de ceux-là, peut-être le dernier.
Il a d'ailleurs été honoré, à Cherbourg, de façon très officielle, le 16 juin 1912.
Il avait 71 ans.
Son talent reconnu, "oeuvres complètes", une première édition de l'ensemble de ses chansons parut en 1913.
Elle fut rapidement épuisée, ainsi que la seconde publiée en 1933 et qu'une troisième abrégée en 1947.
Ce livre de "Chansons normandes", paru en 1974 aux éditions OCEP de Coutances, constitue donc la quatrième édition du répertoire d'Alfred Rossel.
Il est additionné d'une courte biographie, et d'un glossaire d'une trentaine de pages.
Ce qui donc ressemble à un antique carnet de chant est en fait bien plus que cela.
C'est, de Cherbourg au Val de Saire, le reliquaire des anciens, celui qui en conserve l'âme et le secret.
C'est en effet dans la diligence de Barfleur à Cherbourg, au contact de cette race paysanne et maritime, qu'Alfred Rossel aurait trouvé le sujet de la plupart de ses chansons.
"le viage en diligence", "le tram' dé Chidbouorg à Barflleu" en sont témoins.
L'inspiration vient de la mer : "Sus la mé", "la brise mareinne", "Eunne saisoun de bains de mé" ...
Mais toujours retourne à la terre : "les cacheus", "eunne feire à Bricquebé", "mes cllos", "le bouon beire", "la soupe à la graisse" ...
En 270 pages, l'ouvrage contient une cinquantaine de chansons qui, si elles ne sont pas toutes des chefs-d'oeuvre de pure littérature, ont au moins le mérite d'avoir assez d'épaisseur pour contenir un peu de l'âme normande.
C'est aussi, pour celui qui prend la peine de le déchiffrer, une sacrée leçon de vocabulaire du "pays".
C'est, disaient certains puristes patoisants, "du Rossel pour gens qui ne savent pas prêchi !"
Car "val-de-sairisait-il ?"
La question est posée.
Quoi qu'il en soit, la présente édition a été présentée dans une orthographe normalisée.
André Dupont y explique les règles dont il a fait application.
Mais l'explication ne dissipe en aucun cas le plaisir ...
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