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Critique de hubertguillaud


Loghorée politique
La loghorée politique dont nous avons été abreuvé ces derniers mois a certainement du inspirer François Rosset, puisque son dernier livre, A ma décharge, qui paraît cette rentrée aux éditions Michalon, est tout entier consacré à l'artifice de cette parole, bue pour elle-même. Ce long monologue d'un président de la République, qui cherche à justifier son inaction, son désir, sa personne, ses failles comme ses faux-semblants est un étrange objet, dont l'ironie aiguise chaque paragraphe. Point de volonté de véracité dans ce roman, contrairement à d'autres auteurs qui ont connus les feux de l'actualité pour avoir évoqué les confidences de vrais hommes politiques, mais un travail sur la langue et l'esprit bien plus révélateur que les confidences à deux balles que nous servent tous les commentateurs avisés.

Dans ces propos, qui ligne à ligne, cherchent sans cesse, comme en proie à un délire ou à une angoisse maladive, à justifier le moindre de leurs actes ou plutôt de leurs mots, l'homme politique devient, sous ce prisme, rien de moins qu'un névropathe, plongé dans une faconde sans fin, pour le seul plaisir de parler, de s'expliquer, de chercher à se faire aimer tout en sachant n'être que détesté. Dans cette terrible introspection, dont le lecteur/auditeur est le psychanaliste, il reste à savoir qui est le plus à soigner : nous, électeurs, qui confions notre pouvoir aux mains de ces malades, ou lui, la personne public, qui en vie et en meurt.

"Quand l'idée me vient d'une loi, ou lorsque je me représente une décision qu'il serait bon de prendre, je suis dans l'obligation de parler à l'oreille de mes ministres. A force de ne plus oser penser, ils s'effraient d'entendre."

Encore une fois, François Rosset défile le tramage des folies qui nous gouvernent. En nous plongeant dans la schizophrénie politique, dans ce jeu incessant entre paraître et être, dans cette bouillie de mots qui cherchent, lettre après lettre, à justifier de leur existence, il nous dévoile un pan de la nature humaine. Un livre qui tient plus du récit d'aliéné comme les mémoires d'un névropathe de Daniel Paul Schreber que des mémoires d'un De Gaulle, VGE ou Mitterrand. A moins qu'elles n'aient été, d'un coup, débarrassées de la gangue dont elles sont recouvertes par des armées de nègres. A ma décharge est un objet assurément étrange, parfaitement aliéné, donc parfaitement réussi.
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