L'artiste a accepté son destin les yeux ouvert, et je ne crois pas qu'il souhaite quelque aumône en rapport avec le sacrifice qu'il a librement consenti. Il ne désire que la compréhension et l'amour de ce qu'il fait. Il ne saurait y avoir d'autres récompenses.
L'artiste est tel l'explorateur à l'aube de la Renaissance : toujours à l'affût de nouvelles richesses artistiques.
Il a mal choisi celui qui cherche à plaire
À ce monde vain, il a mal choisi
Car souvent il doit se donner des airs
Quand il a le coeur chagrin ;
Et souvent quand il est bien aise,
Il doit affecter la peine,
Et celant toujours ses meilleurs pensées
Il doit louer fort une sorte de Grandeur,
Et aux erreurs de la foule ignare
Acquiescer d'une langue mensongère.
Michel-Ange
Dans ses carnets, Ambroise Vollard nous raconte que Degas faignait d'être sourd pour se soustraire aux discussions et harangues autour de choses qu'il jugeait fausses et désagréables. Que l'orateur ou le sujet changeât, et aussitôt son ouïe s'amiliorait. Nous devons nous émerveiller de sa sagesse puisqu'il lui avait fallu conjecturer ce que nous savons avec certitude aujourd'hui : que la répétition constante du faux est plus convaincante que la démonstration du vrai.
Alors que la mécanique et les processus de la science paraissent confiner à la lisière même de l'ultime, nous ne possédons toujours pas les connaissances qui nous permettraient de faire une profession de foi quant à la réalité.
Quel est l'image populaire de l'artiste ? Glanez un millier de descriptions et vous obtiendrez, au total, le portrait d'un crétin : il est réputé puèril, irresponsable, ignare ou nigaud dans la vie quotidienne.