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Critique de Titania


Une couverture rose, un titre qui évoque la littérature sentimentale, et bien non, vous avez tout faux, ce premier roman d'une spécialiste de l'histoire de l'art, va vous emmener ailleurs, dans les pérégrinations d'un tableau perdu, volé, à travers les âges et ses différents propriétaires .

Annie, jeune femme pauvre et cuisinière de génie, au service d'une famille de marchands d'art à Londres, achète dans une brocante une toile qui pourrait être un Watteau perdu. Jesse, qui est gardien de musée et amoureux d'elle veut l'aider à mener l'enquête sur cette oeuvre énigmatique.

Le moins qu'on puisse dire c'est que le texte est touffu en récits, rebondissements et personnages, mais le propos est passionnant. Hannah Rotschild connaît admirablement son sujet. Dans son roman elle oppose deux mondes celui de l'argent, du pouvoir et celui de la connaissance de l'art.

Le microcosme londonien fait d'aristocrates désargentés, de parrains de la mafia russe et de riches Qataris, plus ou moins cultivés, qui se retrouvent à tous les vernissages est brocardé avec beaucoup d'humour. Vous adorerez, j'en suis sûre le fantasque Barty et son sens certain du mauvais goût.

le monde des scientifiques et des restaurateurs est évoqué avec beaucoup de détails . C'est fou ce que peut révéler un copeau de peinture à l'huile dans un spectromètre. On apprend aussi beaucoup de choses sur Watteau, son époque, sa technique, au travers de chapitres dans lesquels c'est le tableau qui parle.

C'est un gros roman de 700 pages assez baroque, avec plusieurs quêtes personnelles et énigmes sur fond de secrets de famille qui évoque aussi les familles juives spoliées de leurs biens dans une époque tragique. C'est un peu déroutant tous ces destins à la recherche d'eux-mêmes qui s'entrecroisent.

Au delà de l'histoire racontée, des péripéties des uns et des autres, des fantastiques connaissances de l'auteur sur son sujet, du désir que l'on a de résoudre le mystère posé dès le premier chapitre, une petite musique récurrente tourne en boucle sur la manière de recevoir une oeuvre d'art avec simplicité et humilité.

Certes il est important d'apprendre, l'art est un domaine passionnant, mais dans un musée, laissons les oeuvres nous parler par delà le temps, acceptons d'être submergés par les émotions. C'est le désir qui est le moteur du marché de l'art, Hannah Rotschild nous le fait bien comprendre .

Si vous avez aimé « le Chardonneret » ou plus récemment « Randall », vous apprécierez sans aucun doute ce gros roman que vous pourrez caser sans problème dans un challenge «pavé », il y fera bonne figure tout en vous faisant passer quelques bonnes soirées dans les rues de Londres.

Merci aux éditions Belfond et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d'une récente opération masse critique.




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