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Critique de Bouvy


Nanterre, le 22 mars 1968, à 1 heure 30 du matin, pour protester contre l'arrestation de Xavier Langlade, membre du JCR (Jeunesse communiste révolutionnaire), Cohn-Bendit et ses amis sonnent le rappel des troupes et occupent la tour administrative de l'université. Dans les jours qui suivent, l'agitation sur le campus devient permanente. Les étudiants écrivent des slogans provocateurs contre le système qu'ils jugent réactionnaire du genre : « Professeurs, vous êtes vieux, votre culture aussi ! ». Chimie de situationnisme et de surréalisme, l'esprit de mai naît là. Le 2 mai, le doyen, exaspéré par le désordre, décide de fermer l'université. Le lendemain, les contestataires se donnent rendez-vous dans la cour de la Sorbonne. De Gaule envoie la gendarmerie et fait arrêter 4 étudiants, les leaders dont Cohn-Bendit. Face à la violence des forces de l'ordre, la décision arbitraire du président met le feu aux poudres, la révolte est en marche, les étudiants ignorent encore qu'ils vont écrire une sacrée page de l'histoire de cette seconde moitié du vingtième siècle. La France entière va devenir solidaire, les intellectuels, les artistes, les ouvriers. De Gaule devra faire des concessions, Pompidou en profitera pour tenir tête au Général qui est une institution à lui tout seul. La France va vivre un « joli » mois de mai, agité, révolutionnaire, le pays est presque en état de siège. Mais le vieux politicien a plus d'une carte dans ses manches, ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces…

Comme un reportage illustré, cette bande dessinée, qui se veut neutre, nous raconte avec force de détails historiques et politiques la révolution célèbre de mai 68. Elle est encore dans tous les esprits, même des personnes comme moi qui n'avait que 5 ans lors de ces évènements. Je n'en ai aucun souvenir direct mais comme tous les gens de ma génération, j'ai mes soixante-huitards dans mes relations. Attiré depuis ma plus tendre jeunesse, malgré une tentative d'éducation sévèrement catholique de la part de mes parents, par l'anarchie, cette courte mais intense période le l'histoire de France et d'Europe me fascine. Le livre est chronologiquement bien composé. Je peux lui reprocher de ne pas nous décrire la vie des jeunes en France avant ce fameux mois de mai. La jeunesse bridée, sévèrement châtiée, où les punitions corporelles étaient monnaie courante et légalisées par le système. Rien n'empêchait des enseignants de choper un élève et lui raser les cheveux s'ils les trouvaient trop longs et provocateurs. Et que dire de la liberté des jeunes femmes ? Je peux aussi reprocher à cet ouvrage de s'arrêter avec les événements et de ne pas nous offrir les changements profonds qu'a apporter le mouvement révolutionnaire et les après mai 68. Mais je dois dire que ce livre est riche en enseignement historique. C'est, comme je l'ai déjà dit, un bon reportage historique. Le trait est par contre, volontairement flou, enfin, il manque un peu de netteté. le choix des tons est lui aussi assez neutre. Le texte est parfois trop serré, ce qui rend de temps à autre la lecture difficile mais dans l'ensemble, j'ai vraiment apprécié cette bande dessinée historique. A moi maintenant de chercher ce qu'il reste dans notre société comme vestige bénéfique de ce moi de mai. Surtout que depuis quelques années, j'ai l'impression que nous faisons de grandes marches arrières. Le communisme est mort, le capitalisme lui a survécu et devient de plus en plus étouffant, le SIDA a une tendance à freiner si pas bloquer la révolution sexuelle, le féminisme né de mai 68 est devenu silencieux. Il serait peut-être temps de reformer les barricades et de nouveau enflammer les rues. Qu'en pensez-vous. Et toujours le poing levé !
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