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EAN : 9782413000389
192 pages
Delcourt (14/03/2018)
3.72/5   25 notes
Résumé :
l y a 50 ans, une crise existentielle secouait la France. Ce livre est le récit historique et romanesque de mai 68, nourri du vécu de Patrick Rotman et des entretiens inédits qu'il a réalisé auprès du pouvoir.

Dans Mai 68: La veille du grand soir, le lecteur est là où l’histoire s'écrit, à la Sorbonne

et à l’Élysée, aux usines Renault ou à la Préfecture. Il côtoie Cohn-Bendit, voit débattre Sartre. En contrepoint, les auteurs racontent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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« D'où tu parles », camarade ?

Patrick Rotman, auteur-acteur de ce récit met en scène sa propre jeunesse en mai 68. Nombreuses sont déjà ses productions sur le sujet tant écrites qu'audiovisuelles – cette fois, sous forme de bande dessinée.

Serge, l'étudiant qui l'incarne est un novice en politique. C'est dans les rues explosives du Quartier Latin qu'il connaîtra ses premiers émois militants mais aussi amoureux, le feu de la passion que seules les eaux tourmentées de la désillusion finiront par éteindre.

Mais, avant que ce ruissellement de triste réalisme politique ne se transforme en fleuve intarissable, et emporte tous les idéaux de sa jeunesse...

Avant se la France ne se retrouve devant un « gouffre » qui lui donnera le « vertige »...

Avant que s'allient un pouvoir hors des réalités sociales avec des syndicats, qui préfèrent se couper de leur base pour mieux la contrôler et conserver son petit pré carré de dorures officielles....

Avant le renoncement...

« Venez-y, esclaves »,

Venez goûter, ne serait-ce qu'une heure à l'espoir. Celui de voir votre vie meilleure, et celle de vos proches aussi. Un monde nouveau, humain et solidaire...

« L'imagination prend le pouvoir »

Un sentiment de tous les possibles parfaitement retranscrit dans ce scénario essentiel, et sublimé par les dessins de Sébastien Vassant aussi expressifs qu'esthétiques.

« La veille du Grand Soir » est peut-être demain.
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Nanterre, le 22 mars 1968, à 1 heure 30 du matin, pour protester contre l'arrestation de Xavier Langlade, membre du JCR (Jeunesse communiste révolutionnaire), Cohn-Bendit et ses amis sonnent le rappel des troupes et occupent la tour administrative de l'université. Dans les jours qui suivent, l'agitation sur le campus devient permanente. Les étudiants écrivent des slogans provocateurs contre le système qu'ils jugent réactionnaire du genre : « Professeurs, vous êtes vieux, votre culture aussi ! ». Chimie de situationnisme et de surréalisme, l'esprit de mai naît là. Le 2 mai, le doyen, exaspéré par le désordre, décide de fermer l'université. Le lendemain, les contestataires se donnent rendez-vous dans la cour de la Sorbonne. De Gaule envoie la gendarmerie et fait arrêter 4 étudiants, les leaders dont Cohn-Bendit. Face à la violence des forces de l'ordre, la décision arbitraire du président met le feu aux poudres, la révolte est en marche, les étudiants ignorent encore qu'ils vont écrire une sacrée page de l'histoire de cette seconde moitié du vingtième siècle. La France entière va devenir solidaire, les intellectuels, les artistes, les ouvriers. De Gaule devra faire des concessions, Pompidou en profitera pour tenir tête au Général qui est une institution à lui tout seul. La France va vivre un « joli » mois de mai, agité, révolutionnaire, le pays est presque en état de siège. Mais le vieux politicien a plus d'une carte dans ses manches, ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces…

Comme un reportage illustré, cette bande dessinée, qui se veut neutre, nous raconte avec force de détails historiques et politiques la révolution célèbre de mai 68. Elle est encore dans tous les esprits, même des personnes comme moi qui n'avait que 5 ans lors de ces évènements. Je n'en ai aucun souvenir direct mais comme tous les gens de ma génération, j'ai mes soixante-huitards dans mes relations. Attiré depuis ma plus tendre jeunesse, malgré une tentative d'éducation sévèrement catholique de la part de mes parents, par l'anarchie, cette courte mais intense période le l'histoire de France et d'Europe me fascine. Le livre est chronologiquement bien composé. Je peux lui reprocher de ne pas nous décrire la vie des jeunes en France avant ce fameux mois de mai. La jeunesse bridée, sévèrement châtiée, où les punitions corporelles étaient monnaie courante et légalisées par le système. Rien n'empêchait des enseignants de choper un élève et lui raser les cheveux s'ils les trouvaient trop longs et provocateurs. Et que dire de la liberté des jeunes femmes ? Je peux aussi reprocher à cet ouvrage de s'arrêter avec les événements et de ne pas nous offrir les changements profonds qu'a apporter le mouvement révolutionnaire et les après mai 68. Mais je dois dire que ce livre est riche en enseignement historique. C'est, comme je l'ai déjà dit, un bon reportage historique. Le trait est par contre, volontairement flou, enfin, il manque un peu de netteté. le choix des tons est lui aussi assez neutre. Le texte est parfois trop serré, ce qui rend de temps à autre la lecture difficile mais dans l'ensemble, j'ai vraiment apprécié cette bande dessinée historique. A moi maintenant de chercher ce qu'il reste dans notre société comme vestige bénéfique de ce moi de mai. Surtout que depuis quelques années, j'ai l'impression que nous faisons de grandes marches arrières. Le communisme est mort, le capitalisme lui a survécu et devient de plus en plus étouffant, le SIDA a une tendance à freiner si pas bloquer la révolution sexuelle, le féminisme né de mai 68 est devenu silencieux. Il serait peut-être temps de reformer les barricades et de nouveau enflammer les rues. Qu'en pensez-vous. Et toujours le poing levé !
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Excitée de faire partie des Explorateurs de la BD du site Lecteurs.com avec qui je ne suis plus à mon premier partenariat, je l'ai été encore plus en recevant Mai 68 : La veille du grand soir. Alors que ce mois de mai débute sur des docus retraçant les événements, j'ai pu attaquer les faits par le prisme de la bande dessinée et ça, c'est vraiment chouette ! Patrick Rotman et Sébastien Vassant, m'ont entraîné avec eux dans l'Histoire d'une France enlisée, marquée par une contestation sociale et générale du pouvoir en place. Tiens, tiens, ça me rappelle quelque chose... de cette frise historique au jour le jour, la double approche entre souvenirs de Patrick Rotman et scènes au plus haut sommet de l'Etat permet de mieux comprendre les enjeux politiques et sociaux. Une question demeure : apprend-on du passé ? Au vu des informations des dernières semaines, pas sûr... 

A travers le regard d'un étudiant pris par hasard dans le feu d'une révolte, nous lecteurs, sommes témoins d'un mouvement d'une ampleur considérable. de la Sorbonne à l'Elysée, de la rue aux usines Renault, nous assistons au déroulement des événements pour mieux en saisir les enjeux. de Conh-Bendit à De Gaulle, la personnalité des protagonistes se révèle et s'étire pour dévoiler la complexité du pouvoir.

Sous les traits de cette bande dessinée historique, rien n'est plus actuel. le combat de la rue, des plus modestes contre le régime, est presque une banalité. Ce qui fait la particularité de mai 68 est la révolte générale issue d'une crise existentielle comme il y en a si peu. D'abord étudiante et se voulant anti-capitaliste, ce vent de contestation s'étend à la rue, aux ouvriers comme à tous corps de métier.

En côtoyant la figure étudiante emblématique de Cohn-Bendit, en vivant la nuit des barricades ou encore la prise du théâtre de l'Odéon, notre étudiant-témoin confirme la complexité interne entre volonté de changement, violences policières subies et parfois provoquées, méfiance envers les syndicats et instabilité politique.

De ce malaise social évident, l'audace et l'improvisation estudiantine provoque assurément une fracture entre l'Elysée et Matignon, entre De Gaulle et son Premier ministre Pompidou, révélant ainsi une méconnaissance des revendications sociales de son propre pays, quitte à user de mépris et de violences envers les classes. Ça ne vous rappelle rien ? Vraiment ? 

De cette BD aux traits levés, aux couleurs unies et assez ternes avec pour volonté de mettre en avant les dialogues, j'y ai vu le reflet d'une époque en proie aux réflexions. Comme une remise en question d'un modèle de vie.

Finalement, cette lecture me conforte dans un parallèle saisissant de notre société actuelle. Parallèle entre insupportables violences policières. Parallèle entre guerres de communication. En effet, lors des événements, le pouvoir en place restreint puis interdit toutes communications de l'ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française) voulant informer les citoyens. La comparaison peut paraître exagérée, mais pas quand un gouvernement muselle, avec une volonté de contrôler et reporter les fautes sur les médias, et surtout en préparant une loi sur le secret des affaires stigmatisant encore plus les journalistes. Et la liberté d'expression dans tout ça ? 

Ce que j'en tire, est une revendication commune au mouvement de mai : un NON progressif au modèle capitaliste et libéral.

Ce roman graphique à la particularité de survoler d'un regard critique toutes les strates de l'Histoire, le tout avec cohérence. Documents à l'appui et fiches descriptives, il me manque cependant une mise en situation générale de la vie des Français qui expliquerait ce vent de révolte. La contestation n'est jamais vaine, car n'oublions pas que ce que nous avons aujourd'hui n'est que le résultat des batailles d'hier et encore plus de demain.

Pendant cette lecture, j'ai choisi de boire un thé Betjeman & Barton intitulé "Une belle histoire..." et je pense que vous comprendrez pourquoi ! 
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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De la difficulté ou du plaisir ... de replonger dans ses souvenirs ...
Ah les souvenirs, le 6 Mai 1968, après avoir participé à la rédaction de tracts, les avoir distribué, voté la grève dans notre école (école nationale de chimie, physique et biologie de Paris), déambulé dans le quartier latin vers la Sorbonne, (zone bloquée par des hordes de CRS qui empêchaient toutes approches), écouté les consignes données par ces forces de l'ordre, "choisissez de taper sur les filles, c'est plus facile", ...
J'étais place Maubert, j'ai vu de mes yeux vus les CRS chargés, j'ai vu de mes yeux vus courir de simples lycéens qui tout comme moi cherchaient à se protéger des coups qui pleuvaient, j'ai couru et avec d'autres, nous nous sommes réfugiés dans le hall d'un hôtel chic avec le personnel qui ne comprenait pas ce qui se passait .... et puis je suis rentrée chez moi, mes parents n'ont guère apprécié mes exploits et j'ai été envoyée dans ma chambre avec interdiction de sortir, il me restait le transistor ....
Car en ce temps là, Monsieur, les journalistes étaient dans la rue et tenaient au courant le peuple de France de ce qui se passait !
Ah les souvenirs, comment un livre nous y replonge.
Alors ce qu'il nous en reste, de beaux slogans :
J'ai quelque chose à dire mais je ne sais pas quoi !
Quand l'assemblée nationale devient un théâtre bourgeois, tous les théâtres bourgeois deviennent des assemblées nationales !
Les hommes ne seront libres que quand ils cesseront de rêver la nuit !
.... loin de tous ces slogans plus ou moins utopistes certainement plutôt beaucoup plus que tout !
N'oublions jamais ce que fut mai 68, une histoire où il ne s'agissait pas de prendre le pouvoir mais de prendre la parole,
Et ça, cinquante années plus tard, la parole est la plus belle victoire de cette veille du grand soir, le grand soir n'ayant jamais eu lieu !
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Le lecteur doit être prévenu que le Général de Gaulle ne sera pas montré sous son meilleur jour avec toute l'aura qu'on lui connait. Néanmoins, cela traduit la réalité du moment avec un vieil homme de 77 ans après une vie politique déjà bien remplie en péripéties. On verra également ses divergences de vue avec un Pompidou qui se révèle être un plus fin stratège.

Bien entendu, la part belle sera faite à Dany le rouge ainsi que de toute une clique de révolutionnaires voulant changer le monde. Encore que, on comprendra que le but n'était pas forcément d'avoir le pouvoir mais améliorer les conditions de vie des français ainsi qu'un changement de mentalités vers plus de libertés (Professeurs, vous êtes vieux, votre culture aussi !). Tout cela se terminera par la victoire écrasante des gaullistes aux élections de Juin 1968 qu'on a baptisé les élections de la peur. En fait, le Général va encore rester accroché un an au pouvoir avant de tirer sa révérence.

On voit également que ce mouvement était très divisé et qu'il est mort faute d'avoir pu donner une impulsion politique. Ni Pierre Mendès-France, ni François Mitterrand et encore moins les communistes en ont profité. Ce n'est pas le fruit de ma réflexion personnelle mais le message véhiculé par les auteurs qui se sont solidement documentés.

Attention que cette BD ne donne pas de mauvaises idées car nous savons tous comment se termine les révolutions. le grand soir n'aura pas lieu. Cependant, ce mois de Mai où la jeunesse a été sévèrement châtiée marquera à tout jamais les esprits. Une oeuvre riche en enseignements.
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critiques presse (3)
BoDoi
05 novembre 2018
On applaudit la volonté d’instruire mais l’originalité vient à manquer. La présence de ce personnage fictif de l’étudiant en histoire semble factice, comme s’il avait fallu rendre le propos moins rugueux, moins sec, moins austère.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Sceneario
11 mai 2018
Une BD qui aide le lecteur à mieux comprendre la "chimie" de cette révolution moderne qui a bousculé la France entière et qui l'a fait évoluer dans ses mentalités.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDGest
02 mai 2018
À quelques semaines du jubilé de la crise sociale qui a marqué la fin des années 1960, La veille du grand soir constitue un excellent exercice de vulgarisation.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
[Lors de l’occupation du Théâtre de l’Odéon]

– Quand l’Assemblée Nationale devient un théâtre bourgeois, tous les théâtres bourgeois deviennent des Assemblées Nationales !
– Maintenant, le théâtre est dans la rue !

Page 97, Seuil-Delcourt, 2018.
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Vous les sabreurs, les bourgeois, les gavés, et les curés ! V’là la jeune garde ! V’là la jeune garde, qui descend sur le pavé. C’est la lutte finale qui commence, c’est la revanch’de tous les meurt-de-faim, c’est la révolution qui s’avance, et qui sera victorieuse demain.

Page 17, Seuil-Delcourt, 2018.
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– Tu comprends vraiment rien à la politique. Notre mouvement est autant anticommuniste qu’anticapitaliste.
– Et il est pour quoi ?

Page 85, Seuil-Delcourt, 2018.
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– Je rêve.
– Nous rêvons tous.
– Nous faisons l’histoire.
– Ou plutôt la défaisons.
– C’est la révolution qui s’avance.

Page 61, Seuil-Delcourt, 2018.
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[De Gaulle:]
– Mais enfin, ce Cohn-Bendit, qu’est-ce-qu’il a donc pour entraîner tant de jeunes derrière lui ?

Page 27, Seuil-Delcourt, 2018.
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