AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Melieetleslivres


Paul a tout préparé : le timing, les arrêts, la route, la playlist. Les deux enfants sont à la maison avec la babysitter, il a prévu d'arriver le soir à son cottage du bord du Lac Érié. Il vivent à Colombus, Ohio. Il a quarante-cinq ans, douze de plus que Mia, ils sont mariés depuis dix ans et ont deux garçons. Une famille américaine classique. Il travaille dans une agence de publicité, occupant le poste de directeur conseil, et là qu'il a connu Mia. Elle était jeune rédactrice et a travaillé sous ses ordres. Une fois mariés, il l'a obligée à quitter son emploi afin de s'occuper des garçons et de la maison. Sa femme est parfaite. Elle mérite bien une journée exceptionnelle. Avec son mari exceptionnel. Qui voit tout comme il l'a prévu, et pendant le voyage il scrute régulièrement le visage de sa femme, pour y déceler la moindre expression autre que l'amour et l'admiration. On sent que chaque mot qu'elle dit peut déclencher quelque chose de très noir. Par exemple sa demande de s'arrêter sur la route à cette très bonne boulangerie pour y acheter des croissants pour demain. Cette demande le choque, l'agresse, il a pourtant programmé toute cette "journée exceptionnelle" (il dit ça tout le temps). Ça détruit son timing. Et tout ça se passe à l'intérieur de lui : c'est le narrateur du livre. Il parvient à se calmer intérieurement, il lui fait son sourire dents blanches et "son fameux clin d'oeil". Ce qu'on pensait être un couple solide s'avère être tout autre chose. Une façade. Car pendant la route il nous parle de sa ville, Columbus, exceptionnelle, son quartier où il réside est le meilleur, ses fils sont beaux, sa femme est parfaite la plupart du temps, à son boulot les femmes l'admirent, les hommes l'envient. Lui-même est un mari parfait : le matin il part travailler, Mia s'occupe des garçons, les lève, les fait manger, les conduit à l'école. Et elle s'occupe de tout, et même parfois il l'aide à mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle. "Mais il ne faudrait pas qu'elle s'y habitue." C'est la petite phrase qui nous fait louper un battement de coeur. le premier soupçon. La narration, les pensées de Paul nous font découvrir un homme imbu de lui-même, cruel, menteur, voleur, radin de la pire espèce (il espère que sa femme a pris sa carte bancaire, pour le restau de luxe où il a réservé pour le soir), manipulateur, et on commence à avoir peur pour Mia. Cette façon d'écrire avec le mari psychopathe comme narrateur est tout à fait originale. On découvre peu à peu sa fatuité, sa méchanceté, cette violence qui couve sous la peau de ce type "exceptionnel", et on en arrive à rire de lui parce qu'en fait, sa naïveté sur ce qu'il croit être est totalement ridicule. Au fur et à mesure du récit on est pris dans cette ambiance qui s'assombrit, on a peur, on est stupéfaits, les bras nous en tombent. Cette auteure, Kaira Rouda, a ici réussi un tour de force. En s'éloignant totalement de la construction d'un thriller classique. C'est formidable ! Et je n'oublie pas la déconstruction d'un mariage abusif et de la violence psychologique, ce qui est en soi aussi un moyen de la dénoncer.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
Commenter  J’apprécie          265



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}