AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MaminouG


Mon premier roman de l'année, ma première lecture en avant-première, mon premier plaisir de la découverte sans le moindre "spoil" et surtout mon premier coup de foudre. Dans "Pas la guerre", son dernier ouvrage, Sandrine Roudeix nous livre un texte sublime aux confins de la tragédie grecque et de la stratégie militaire.

Tragédie grecque, le roman en possède les trois unités : de lieu, l'histoire se déroule dans un appartement, de temps, une nuit, d'action, un échange entre deux personnes. Mais elle appartient aussi au domaine militaire en trois temps, trois chapitres : le repli, l'approche, l'assaut. le roman est ainsi parfaitement construit, l'écriture vive, sensible, piquante, le rythme parfait qui m'a entraînée tambour battant dans un tourbillon de sentiments exacerbés, d'une conversation d'une grande vivacité, d'amour fou. Oui, c'est bien d'une histoire d'amour dont il s'agit. Franck et Assia s'aiment. Il y a peu de temps Assia a traversé le périph' pour s'installer chez Franck à Paris. Tout devrait être pour le mieux dans le meilleur des mondes. Oui, mais voilà… "Elle avait senti sa sincérité, la certitude arrogante de leur complicité. Ce foutu feu entre eux. Sauf que les feux, parfois, brûlent tout sur leur passage."

Sandrine Roudeix a un don rare pour parler de l'intime. Son dernier ouvrage traitait de l'amour maternel, de la douleur pour une mère de laisser son enfant s'envoler. Cette fois, elle nous dépeint les difficultés de deux êtres à accepter de s'aimer. Ils ont chacun réussi dans leur domaine. Ils se croient libres, émancipés. Mais, lorsqu'il s'agit d'aimer, ils ont l'impression tout à coup de perdre leur indépendance, d'être envahis par l'autre ou obligés de se soumettre. Et tout remonte de leur enfance, de leur jeunesse, de leurs souffrances.

C'est la guerre, la confrontation, les mots jetés au visage de l'autre, les récriminations. Chacun déverse son trop-plein de tristesse, de regrets, son histoire familiale, ses origines, sa culture. Une véritable logorrhée se répand, une suite de mots, de phrases, toujours plus loin, toujours plus vite. Bientôt les gestes se joignent aux paroles, les voisins tambourinent. Et pendant ce temps, je continue ma lecture, la gorge serrée, le coeur cognant, mais l'envie de savoir chevillée au corps. C'est la guerre, jusqu'au bout… ou presque… C'est l'étude de ce que chacun porte en soi, de ce que le présent garde du passé, de ce que le poids de l'éducation entrave.

"Faire la guerre", un roman sublime qui parle d'émancipation et de féminisme, de transmission familiale, un roman sublime jusqu'à la couverture assortie au texte "…ils étaient nus sous la couette rayée." Sublime !

Lien : https://memo-emoi.fr
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}