Le recueil de
Kristen Roupenian s'ouvre sur "Vilain", nouvelle d'une incroyable cruauté. Elle commence comme une mignonne sitcom de copains, où on cherche à consoler cet ami de ses déboires sentimentaux et le soutenir… avant de tomber dans des abysses de sadisme moral et sexuel à son égard. La nouvelle permet souvent de zoomer avec acuité, agir comme un miroir grossissant des aspects les moins nobles de l'âme humaine, le vil, ce qu'on refuse d'avouer. Ce qui fait la force de Roupenian, c'est sa manière d'explorer les zones grises du basculement et du consentement, ses problématiques étiquetées millenials ici traitées dans avec une apparente décontraction pour mieux exploser à la figure du lecteur. Comme tout recueil de nouvelles, il est irrégulier et tous les textes n'ont pas la puissance de « Vilain » ou « Cat Person » ; néanmoins, il y a chez
Kristen Roupenian cette même envie de fissurer les apparences que dans l'oeuvre de
Lionel Shriver. du « feel bad » sous une couverture rose et sexy.
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