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Critique de dconstanciel


A mon échelle, Georges Pompidou est aux commencements du monde. Il l'a quitté depuis un moment, et aussi tous ceux qui ont bâti leur carrière politique avec ou contre lui. Après lecture complète d'une biographie achetée il y a trente-cinq ans, quand il me semblait important de savoir ce qui distinguait les bons des méchants, l'impression qui s'en dégage finalement est que les questions de personnes sont prédominantes, et que l'intérêt est à peu près le même que celui qu'on peut tout aussi légitimement attacher, au hasard, à l'histoire impériale de Tibère à Néron. Bien au-delà des détails de cette histoire, les réflexions de Georges Pompidou m'ont touché en trois passages. Dans le premier, il fustige la prétention de Jacques Chaban-Delmas à créer une "nouvelle société" : "Chaban croit le moment venu de faire du neuf. On ne fait jamais du neuf ! Ce sont là des fantasmes d'adolescents ou de romantiques ! Il n'y a jamais de pages blanches ! On doit se contenter de poursuivre une tapisserie entamée par d'autres et dont la trame nous est imposée". Dans le deuxième, il exprime des aspirations décalées de la société productiviste, affairiste et concentrationniste qu'il accompagne politiquement : "Je suis de ceux qui pensent que dans cinquante ans [aujourd'hui] la fortune consistera à pouvoir s'offrir la vie du paysan aisé du début du XXe siècle, à bien des égards, c'est-à-dire de l'espace autour de soi, de l'air pur, des oeufs frais, des poules élevées avec du grain, etc. On y ajoute des piscines et des automobiles mais ce n'est pas une modification fondamentale, il reste le besoin d'air, de pureté, de liberté, de silence". Et le dernier clôt l'ouvrage : "Les peuples heureux n'ayant pas d'histoire, je souhaiterais que les historiens n'aient pas trop de choses à dire sur mon mandat [...] Que mon nom soit mentionné ou ne le soit pas n'est pas très important". La sagesse qui anticipe sur l'oubli est rarement contredite.
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