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Critique de fuji


Apprivoiser ses ombres pour laisser entrer la lumière.
Lire un livre de Bénédicte Rousset, c'est comme entendre la chanson de Michel Fugain : C'est un beau roman, une belle histoire ; le lecteur est totalement et immédiatement emporté pour ne pas dire envoûté.
Noémie sort de prison. Elle a été condamnée à deux ans de détention, son petit ami la faisait vivre dans un confort matériel qu'il entretenait grâce à divers trafic dont le blanchiment d'argent. Elle était sous sa coupe.
« Sur le coup, la sortie de prison, c'est le passage de l'ombre à la lumière. Et puis, l'ombre qu'on croyait avoir arrachée de nos basques devant le portail en fer, se recoud d'elle-même et réinvestit sa place. »
Lorsqu'elle a été condamnée, sa petite fille Lili a été prise en charge par le père de Noémie. Cet homme dépassait par ce qu'est devenue sa fille, n'a pas les mots, le peu qu'il dit est souvent maladroit et la cabre.
Mais ce père a les gestes, il n'a pas d'argent alors il a vendu sa voiture pour que sa fille ait un avocat digne de la défendre et non un commis d'office. Il s'occupe de sa petite-fille comme d'un trésor. Il est présent, attentionné, affectueux, Lili adore son grand-père.
Le père de Lili est décédé dans un accident de voiture alors que Noémie ne savait même pas être enceinte.
Son père a été là pour elle, mais Noémie est impétueuse et veut de l'argent à tout prix.
A sa sortie de prison, son père lui a trouvé un emploi, dans une station-service. Mais elle est en butte aux gestes indélicats du patron et des clients, le tout pour un salaire de misère.
En prison, Dany était sa codétenue. Lorsque celle-ci sort à son tour, elle lui propose un trafic de faux médicaments, qui rapporte beaucoup avec des risques mesurés si elles savent être discrètes.
A la station-service une nouvelle collègue va arriver Lee-Ann.
Dans ce monde reconstitué, Noémie essaie d'être une bonne maman, toujours aidée de son père.
Bénédicte Rousset a croqué un merveilleux portrait de petite fille, Lili a une belle personnalité et sait parfaitement tirer des enseignements de son grand-père et de sa mère. Petite fille tout en équilibre et en affection.
Au milieu de cette nouvelle vie, Noémie va avoir des nouvelles de son aïeule Hélyette, elle ne l'a pas vue depuis quelques années et hésite à aller la voir dans cette maison pour vieux.
Noémie aime l'argent et déteste les vieux.
Son père lui dit qu' Helyette a une histoire à lui raconter et qu'il y a un gros héritage à la clef.
Alors elle fait fi de sa haine des vieux et rend visite à celle-ci.
Mais l'aïeule va faire durer l'histoire…
Helyette détient une photo d'une petite fille qui est le sosie de sa Lili.
Alors quels sont les secrets de famille ?
Nous avons une mémoire ancestrale, et portons inconsciemment le fardeau de nos ancêtres et nous avons une loyauté familiale intrinsèque.
Cette ancêtre va lui apprendre en priorité la patience et la transmission.
Chaque morceau de l'histoire dévoilée, doit être transmise à Lili quasiment mot à mot. Cela devient l'histoire du soir.
Elle va aussi lui donner un unique et percutant conseil : « Aime-toi : c'est le seul moyen d'aimer les autres. »
Le temps presse et l'impétueuse doit apprendre la patience, elle, qui en regardant dans le rétroviseur de sa jeune vie ne se définit que comme une fille à moitié.
C'est comme un électrochoc, elle va prendre conscience qu'elle peut être quelqu'un d'entier. Pour cela, il y a des choix à faire, des engagements à tenir et des priorités à établir.
Le chemin de la résilience est devant elle, comme le roseau elle peut plier mais ne doit pas rompre. Elle doit adopter une posture qui lui permette de se dépasser et se régénérer, régler ses comptes sans se désagréger.
L'auteur adosse ce parcours à une catastrophe survenue en 1904 à New-York, et c'est passionnant.
Elle sait tisser sa toile et maintenir le suspense jusqu'au bout sans temps mort.
Une histoire qui a du souffle et de beaux portraits, c'est tout un art que maîtrise parfaitement Bénédicte, la densité n'empêche pas un bel équilibre dans l'écriture qui sait être douce et forte dans un même mouvement.
Un roman qui montre parfaitement que l'on peut écrire des histoires passionnantes et envoûtantes sans nous faire entrer dans le monde des Bisounours.
Le titre est une invitation, comme un toast porté à la vie.
Personnellement, j'aimerais beaucoup avoir des nouvelles de Noémie et Lili.
Il y a matière à une suite.
« C'est un beau roman, une belle histoire, un cadeau de la providence… »
N'hésitez pas, foncez !
©Chantal Lafon


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