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EAN : 9791097515607
210 pages
LA TRACE (12/04/2022)
4.25/5   6 notes
Résumé :
Peu importe les risques encourus. Noémie a besoin d'argent et compte bien s'enrichir illégalement pour changer de vie avec Lili, sa fille, qu'elle élève seule avec l'aide de son père. Comment en est-elle arrivée là ?

Quand Helyette, son arrière-grand-mère, lui parle d'héritage, Noémie fourre son aversion pour les personnes âgées au fond de son sac et lui rend visite, entrevoyant dans cette formidable opportunité un moyen d'accélérer son départ. Mais o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Magnétique, maîtrisé à l'extrême, « À toutes celles que tu es » est une révélation.
Vous savez, ce genre de roman qui octroie toutes les forces nécessaires pour affronter les vents mauvais et les turbulences sociétales.
L'intimité d'un langage dont chaque mot renforce et excelle le plus personnage féminin qui soit. En l'occurrence ici, Noémie, la trentaine, mère solo d'une fillette de trois ans, Lili, dont le père est décédé avant la naissance sans qu'il sache pour Lili. Attention ! Dans ce livre pas de pathos, nous ne sommes pas du côté de la sensiblerie.
« Après quatre-vingt-seize heures de garde à vue pour association de malfaiteurs, je ne cherche pas à nier ou à inventer des histoires qui ne tiendraient pas. Mieux, je décharge mon petit ami… Qu'est-ce qu'on peut être conne quand on est amoureuse. »
Noémie va affronter ses propres démons. Vulnérable, oppressée, au passé lourd de torpeurs intestines, case prison, l'as de pique. Noémie est de cesse en défi. Elle contre l'adversité en plongeant un peu plus dans la délinquance. Même en prison, elle est de combines. Obtenir le plus d'argent possible. Mirages et mensonges, elle est sa propre proie. A contrario, de dualité vêtue, son enfant lui manque. La solitude d'une femme prise en tenailles , bandeau noir sur les yeux. Son père garde Lili. On aime cet homme figé dans ses inquiétudes . Pudique et maladroit, qui aime Noémie mais mal. Lili est son levier , son havre de quiétude. Elle lui insuffle la résistance face aux adversités et à la perte de confiance en Noémie. Il lui rend visite avec Lili en rythme pavlovien . Et ce durant deux ans, regards baissés, l'amour paternel froissé comme du papier cadeau. Il ne peut briser les coquilles pour deux. Noémie est plurielle, symbole de tout et son contraire. Elle s'épanche sur son passé, son enfance.
« Adolescente, j'étais dure. Je ne crois qu'au fond papa me craint. Il ne m'affrontera pas… Un enfant ne nous est donné que pour engendrer notre propre solitude. »
Manichéenne, blessée dans sa chair, Noémie, l'écorchée vive, l'halo sociétal des dérives à feu et à sang. Un roseau qui tremble et qui cherche un appui pour se maintenir sur la rive. Les courants sont forts, le vent mauvais. Noémie revoit sa mère décédée en pensée. le deuil est un fleuve et Noémie ne sait pas nager. Elle entend l'écho des souvenirs. Les images d'une enfance comble de conseils par sa mère. le silence seul connaît les réponses.
« Fais attention à ce que tu tolères. Tu enseignes aux gens comment te traiter. »
Noémie est dans le délitement insidieux des faux-semblants. Son frère mature, compatissant et apeuré pour elle, lui inculque la vertueuse issue. Elle n'est pas prête, pas encore.
Écoutons encore Bénédicte Rousset. Noémie s'habille en prison de tendresse et l'homosexualité sera sa consécration. Comprendre enfin les maillages de son corps et de ses sens. Noémie surpasse les mécanismes implacables qui accablent sa chair. La sortie à l'air libre est encore d'épreuves. Harcèlements, agressions, elle reçoit en bagage la contre-façon d'un monde qui profite de la fragilité d'une femme-barreau. Elle est celles. Combien de chevelures diverses en chute libre ? Combien de Noémie en chacune ? Ne craignez pas cette histoire bouleversante, criante d'authenticité. Bercée de compassion par Bénédicte Rousset qui, intuitive déplace les pions. Ici, vous avez des notes chères à Amélie Poulain. Sachez que : Doucement son arrière grand-mère conte en plein midi des repentances le tumulte de l'Hudson. le General Stocum en flammes. le drame prévisible, les bouées floutées, tueuses d'avant-garde. Les portes s'ouvrent, une à une, une promesse d'un héritage pour Noémie. Beaucoup d'argent ? Cherchez et vous trouverez. Quelle est la quête ? Quel est le but ?
Magistral, ce roman de noir et de blanc se déguste comme du lait gorgé de miel.
« Un crayon cassé peut toujours colorier. »
« Ici, commence la mer. »
« Je suis libre. »
Salvateur, un livre Mage. Publié par les majeures éditions La Trace.
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Il m'attendait depuis longtemps, presque depuis sa sortie. Et puis les jours ont passé, les livres aussi, d'autres… Hier, je me suis enfin plongée dans le nouveau roman de Bénédicte Rousset "A toutes celles que tu es". J'avais eu le temps d'admirer sa couverture, l'ombre de la statue de la Liberté sur fond rose et gris clair : magnifique.

Magnifiques aussi sont l'histoire, l'écriture, la manière de raconter. Comme dans son précédent roman "Celles qui se taisent", l'auteur excelle dans l'art de parler des choses de la vie, même des plus difficiles, avec délicatesse et sensibilité. C'est ainsi que les pages défilent sans à-coups, au gré de mots choisis et de phrases simplement construites. La fluidité s'en ressent et le texte s'écoule comme l'eau d'une source tranquille. Nulle envie de poser l'ouvrage. Comme une pelote se déroule, une page se tourne, puis la suivante et encore une autre jusqu'à la fin, ce moment magique qui voit une "une oie des neiges [qui] déploie ses ailes."

Dans ce nouvel opus, nous rencontrons Noémie, en prison, sa petite Lili prise en charge par son grand-père maternel. A sa sortie, Noémie n'hésite pas à compléter son maigre salaire de pompiste par des activités illicites mais rémunératrices. Quand Helyette, son arrière-grand-mère, lui parle d'héritage, il est évident que la jeune femme parvient à mettre de côté son aversion pour les personnes âgées – pour ne pas dire les vieux – et se rend à la maison de retraite. le reste, vous le découvrirez, comme moi, au fil de la lecture. Bénédicte Rousset s'empare d'un fait divers tragique vieux de presque cent vingt ans pour raconter l'histoire d'une vie. Elle y glisse, par petites touches discrètes, des réflexions sur les travers de la société "Avoir prime sur Être. Pourquoi je me trouve plus importante dans un jeans neuf, griffé ? La société est ainsi faite : on mesure un homme à son savoir, puis il est jugé sur son Avoir." Elle aborde divers sujets, l'homosexualité, les relations familiales, sociales, la difficulté à se comprendre, avec une infinie douceur et beaucoup d'indulgence. Elle nous parle aussi du droit à l'erreur et de ce cheminement nécessaire pour trouver la sortie et prendre un autre chemin. Et si la couverture fait, naturellement, référence à l'avenir de Noémie, elle est une belle illustration de sa manière de vivre et de son attachement à ce qu'il y a de plus précieux : la liberté.

"A toutes celles que tu es", un nouvel ouvrage captivant, émouvant, remuant de Bénédicte Rousset. le lire, c'est à la fois prendre du plaisir et s'interroger sur ses propres faiblesses.
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Apprivoiser ses ombres pour laisser entrer la lumière.
Lire un livre de Bénédicte Rousset, c'est comme entendre la chanson de Michel Fugain : C'est un beau roman, une belle histoire ; le lecteur est totalement et immédiatement emporté pour ne pas dire envoûté.
Noémie sort de prison. Elle a été condamnée à deux ans de détention, son petit ami la faisait vivre dans un confort matériel qu'il entretenait grâce à divers trafic dont le blanchiment d'argent. Elle était sous sa coupe.
« Sur le coup, la sortie de prison, c'est le passage de l'ombre à la lumière. Et puis, l'ombre qu'on croyait avoir arrachée de nos basques devant le portail en fer, se recoud d'elle-même et réinvestit sa place. »
Lorsqu'elle a été condamnée, sa petite fille Lili a été prise en charge par le père de Noémie. Cet homme dépassait par ce qu'est devenue sa fille, n'a pas les mots, le peu qu'il dit est souvent maladroit et la cabre.
Mais ce père a les gestes, il n'a pas d'argent alors il a vendu sa voiture pour que sa fille ait un avocat digne de la défendre et non un commis d'office. Il s'occupe de sa petite-fille comme d'un trésor. Il est présent, attentionné, affectueux, Lili adore son grand-père.
Le père de Lili est décédé dans un accident de voiture alors que Noémie ne savait même pas être enceinte.
Son père a été là pour elle, mais Noémie est impétueuse et veut de l'argent à tout prix.
A sa sortie de prison, son père lui a trouvé un emploi, dans une station-service. Mais elle est en butte aux gestes indélicats du patron et des clients, le tout pour un salaire de misère.
En prison, Dany était sa codétenue. Lorsque celle-ci sort à son tour, elle lui propose un trafic de faux médicaments, qui rapporte beaucoup avec des risques mesurés si elles savent être discrètes.
A la station-service une nouvelle collègue va arriver Lee-Ann.
Dans ce monde reconstitué, Noémie essaie d'être une bonne maman, toujours aidée de son père.
Bénédicte Rousset a croqué un merveilleux portrait de petite fille, Lili a une belle personnalité et sait parfaitement tirer des enseignements de son grand-père et de sa mère. Petite fille tout en équilibre et en affection.
Au milieu de cette nouvelle vie, Noémie va avoir des nouvelles de son aïeule Hélyette, elle ne l'a pas vue depuis quelques années et hésite à aller la voir dans cette maison pour vieux.
Noémie aime l'argent et déteste les vieux.
Son père lui dit qu' Helyette a une histoire à lui raconter et qu'il y a un gros héritage à la clef.
Alors elle fait fi de sa haine des vieux et rend visite à celle-ci.
Mais l'aïeule va faire durer l'histoire…
Helyette détient une photo d'une petite fille qui est le sosie de sa Lili.
Alors quels sont les secrets de famille ?
Nous avons une mémoire ancestrale, et portons inconsciemment le fardeau de nos ancêtres et nous avons une loyauté familiale intrinsèque.
Cette ancêtre va lui apprendre en priorité la patience et la transmission.
Chaque morceau de l'histoire dévoilée, doit être transmise à Lili quasiment mot à mot. Cela devient l'histoire du soir.
Elle va aussi lui donner un unique et percutant conseil : « Aime-toi : c'est le seul moyen d'aimer les autres. »
Le temps presse et l'impétueuse doit apprendre la patience, elle, qui en regardant dans le rétroviseur de sa jeune vie ne se définit que comme une fille à moitié.
C'est comme un électrochoc, elle va prendre conscience qu'elle peut être quelqu'un d'entier. Pour cela, il y a des choix à faire, des engagements à tenir et des priorités à établir.
Le chemin de la résilience est devant elle, comme le roseau elle peut plier mais ne doit pas rompre. Elle doit adopter une posture qui lui permette de se dépasser et se régénérer, régler ses comptes sans se désagréger.
L'auteur adosse ce parcours à une catastrophe survenue en 1904 à New-York, et c'est passionnant.
Elle sait tisser sa toile et maintenir le suspense jusqu'au bout sans temps mort.
Une histoire qui a du souffle et de beaux portraits, c'est tout un art que maîtrise parfaitement Bénédicte, la densité n'empêche pas un bel équilibre dans l'écriture qui sait être douce et forte dans un même mouvement.
Un roman qui montre parfaitement que l'on peut écrire des histoires passionnantes et envoûtantes sans nous faire entrer dans le monde des Bisounours.
Le titre est une invitation, comme un toast porté à la vie.
Personnellement, j'aimerais beaucoup avoir des nouvelles de Noémie et Lili.
Il y a matière à une suite.
« C'est un beau roman, une belle histoire, un cadeau de la providence… »
N'hésitez pas, foncez !
©Chantal Lafon


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Je m'appelle Noémie.
Je suis perdue. Je me suis perdue…

Je ferme les yeux.
Ma Lili, si petite, si vivante, Dieu qu'elle m'a manquée durant mon incarcération.
Deux ans, c'est long…
C'est mon père qui s'est occupé d'elle durant tout ce temps. le sien ? Il s'est tué dans un accident de voiture, alors que je ne savais même pas qu'elle était déjà dans mon ventre…

Le jour, je travaille dans une station-service. du moins, j'attends que les heures passent. le soir, j'ai ma vie.
Avec mon amie Dany, on a un business qui rapporte.
On fabrique des médicaments de contrefaçon. J'ai besoin d'argent. Tout de suite. Là, maintenant.
À la station, le patron à les mains un peu trop baladeuses… Demain, y a une nouvelle qui commence… J'espère qu'elle sera cool !

Helyette, mon arrière-grand-mère, veut me voir, me parler de mon héritage.
J'aime pas les vieux. Ils bavent, ils puent.
J'ai juste besoin d'argent… Pfff… J'irai la voir.

Je continue à me chercher.
Je ne sais plus qui je suis…

La nouvelle a commencé aujourd'hui. Cheveux courts, traits tirés. Elle est mince et grande, pas bavarde… Elle s'appelle Lee-Ann. J'apprends très vite que sa fille Elsa est dans le coma. La vache…

Dans cette avancée sinueuse et compliquée, entre le New York du début des années 1900 et la station-service où elle travaille, deux rencontres vont bouleverser la vie de Noémie !

Bénédicte Rousset ne fait pas semblant, ne mâche pas ses mots. Cette histoire sombre, qui démarre dans une prison, qui enchaîne les événements dramatiques vécus par Noémie, m'a tout de suite accrochée. Noémie est une écorchée de la vie, elle veut rattraper tout le temps qu'elle a perdu loin de sa Lili qu'elle aime plus que tout. Elle est hypersensible et a du mal à se situer dans ce qu'elle vit, elle n'ose pas dire ce qu'elle ressent à son père.
Malgré son grand coeur, elle ne trouve pas sa place, n'a pas les bons repères.
Elle se cherche… Ou tout simplement… elle veut vivre…

Un récit dense et tout en sensibilité.
La vie n'est pas simple, elle est semée d'embûches et un jour, il lui faudra accepter la main qui se tend pour l'aider, qui se tend pour vous l'aimer…

J'ai été Noémie. Vous avez été, ou êtes peut-être encore Noémie.

Bénédicte, nous offre un roman incroyable plein de poésie et d'émotions !
Une auteure à suivre absolument… Je suis encore tout retourné.

Un grand merci aux Éditions La Trace, pour les richesses qu'ils nous transmettent à chacun de leurs romans…
Lien : http://leressentidejeanpaul...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
C’est décidé, je vais amasser assez de cache pour tout plaquer. Avec le pactole de la vente de médicaments, on se tirera sur une île paradisiaque avec Lili. On y vivra de mes divers placements financiers ou bien, j’y monterai un autre business – pourquoi pas honnête, celui-là – où je développerai le mien à grande échelle. À l’étranger, personne ne m’emmerdera avec mon casier et je n’éveillerai pas les soupçons.
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Quand j’ai su que j’étais enceinte, je suis allé voir mon père, j’étais paumée, il fallait faire vite. À ce moment-là, ma mère m’a manqué comme jamais. Foutu cancer. J’aurais tout donné pour enfouir ma tête dans son cou, pour sentir son odeur. Pas celle de l’hôpital, celle de ses vêtements, dans lesquels il m’arrive encore de me réfugier.
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Quand Lily est née, je me suis demandé si elle allait réussir à l’école. Ce soir, je me demande : va-t-elle réussir sa vie de femme, être heureuse ? Pourquoi faut-il que nous soyons formatés à penser « réussite scolaire » avant « accomplissement humain » ? Quelle sécurité suis-je en train de lui garantir ?
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Par la suite, même si papa m’a traité d’égoïste, je n’ai jamais voulu dire pourquoi je ne voulais plus y aller, chez les vieux. Je ne sais pas non plus pourquoi j’en ai fait une généralité. C’est injuste, je sais, mais c’est plus fort que moi.
– J’aime pas les vieux.
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Bénédicte Rousset au micro de Guillaume Sautet - Juin 2018
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