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Critique de Bouteyalamer


Avant de relire My absolute darling, j'ai demandé une information sur l'inceste à une amie pédiatre, cofondatrice de l'AFIREM (association française d'information et de recherche sur l'enfance maltraitée). La littérature sur le sujet est en effet surabondante — livres, thèses, articles grand public, sites dédiés, revue mensuelle d'audience internationale (Child abuse and neglect). le présent livre est rédigé dans une langue accessible par deux pédopsychiatres ayant une longue expérience du terrain. Dépassant l'émotion que provoque la maltraitance et qui peut faire l'objet d'une fascination malsaine, il propose une typologie et quelques messages pour la prise en charge.

En simplifiant, on peut décrire trois catégories d'inceste. « 1. L'inceste subi dans la terreur, il s'accompagne de réactions brutales de détresse. 2. L'inceste accepté et conflictuel : la réaction de déséquilibre de l'enfant est sous-tendue par une fixation à la mère perçue selon un mode archaïque. La frustration massive du personnage maternel favorise une acceptation ambiguë de l'inceste vécu comme une réparation narcissique. 3. L'inceste intégré sans conflit et sans symptôme : la relation dans ce cas a souvent été précoce et les satisfactions pulsionnelles importantes, l'absence de symptômes s'accompagne d'une stérilisation du moi » (p 184).

Les principaux messages sont l'ambivalence et le conflit de loyauté dans lesquels les victimes se trouvent prises en otage, le peu d'empathie des auteurs pour les victimes, et la dimension familiale de l'inceste. Dans la famille atteinte, « l'enfant est vécu comme une part non différenciée ou mal différenciée de ses parents, un enfant-objet, prolongement d'eux-mêmes, destiné à combler un vide affectif ou à recevoir leurs projections mortifères » (p 14). Cet enfant-objet est coupé du monde. La première règle est d'affirmer qu'un enfant est une personne, qu'il n'est pas la propriété exclusive de ses parents, et qu'il doit interagir avec le monde extérieur. Un deuxième règle est le nécessaire énoncé des faits, pour balayer l'indicible et soulager la victime de sa culpabilité : « Les faits doivent être nommés, l'interdit rappelé en termes clairs, accessibles aux parents et à l'enfant. L'équivoque, les périphrases ne sont pas de mise, si l'interlocuteur ne peut que partager la gêne et la honte, il ne donne aux protagonistes aucune chance d'échapper à l'indicible de ce qui est arrivé » (p 233). Il en dérive que la prise en charge de l'inceste impose une intrusion, un jugement, et une séparation rendue nécessaire par le haut risque de récidive. Elle a donc des conséquences psychologiques et matérielles pour toute la famille : l'inceste reste un drame après le dévoilement et le jugement. Les auteurs insistent sur sa prévention, en partie possible par l'éducation sexuelle, l'ouverture des familles et les groupes de parole.
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