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Critique de PhilippeCastellain


Je me suis souvent demandé ce qui avait fait le succès d'Harry Potter. Quand on y réfléchit, l'histoire n'est pas d'une folle originalité. Les histoires d'enfants-sorciers sont un classique de la littérature anglo-saxonne ; certaines se déroulent même dans des écoles de magie où ils utilisent balais et chaudrons, etc. On peut notamment citer la série The worst witch, commencée en 1974 et dont l'univers est très proche. Mais ni celle-là ni aucune autre n'ont connu un tel succès.

Bien sûr, les films ont beaucoup aidé, et notamment les possibilités techniques offertes par les effets spéciaux. Adaptées dans les années 80, le monde de la magie aurait sans doute été bien moins flamboyant et très carton-pâte. Mais tous les effets spéciaux du monde sont inutiles si l'histoire est nulle.

Et qu'est-ce qui fait qu'on s'accroche à ce point aux bouquins et aux héros ? Un nombre gigantesque d'analystes ont sûrement cogités sur la question, mais voici à mon sens les principaux éléments :

- l'univers : il est construit avec un luxe de détail extraordinaire. Il a sa faune, sa flore, ses aliments, ses boissons, ses jeux, jusqu'à ses friandises. Et surtout il est entremêlé au nôtre. Là, juste à côté, à la fois tellement différent et tellement proche. le résultat est totalement immersif. Soyons honnête, on a tous rêvé un jour ou l'autre de faire un tour dans le monde des sorciers.

- le héros : Harry Potter reprend le thème de l'enfant malheureux qui découvre soudain le bonheur, un classique depuis Dickens. La joie qui l'inonde est contagieuse pour le lecteur. Hagrid arrive. D'un seul coup, sa vie se métamorphose. Mais le personnage ne se prend pas la grosse tête : il reste modeste, sa célébrité l'embarrasse plus qu'autre chose. C'est un élève globalement médiocre, avec ses points forts. Il a des hauts et des bas, des phases de déprime. C'est un héros, mais le lecteur moyen peut donc continuer à s'identifier à lui.

- ses amis : Ron et Hermione sont le tandem sur lequel repose toute l'histoire. Ils sont construits avec un soin méticuleux, de façon à avoir des personnalités fortes sans faire de l'ombre au héros. Hermione est une sorte d'idéal. Ron est l'individu moyen, toujours dans l'ombre, et pourtant indispensable.

- les personnages secondaires : de Hagrid à Malefoy, tous ont été construits avec méthode. J.K Rowling a pris grand soin de tous les doter de personnalités très affirmées et de signes distinctifs précis : la bêtise et l'obésité de Dudley, Lupin le loup-garou, Maugrey et son oeil magique... Pour cela, elle a puisé à plein régime dans les possibilités offertes par la magie (en prenant soin de tenir les vampires à bonne distance, on remarquera).

- le méchant : dans la fantasy comme dans les comics, le méchant est au fond bien plus important que le héros. S'il est terne, ça ne prendra pas, quelles que soient les qualités du personnage principal. de ce point de vue là, Voldemort est l'incarnation du mal absolu. On notera d'ailleurs le retournement de l'interdiction juive de prononcer le nom de Dieu : là il devient donc le dieu du mal, dont le simple nom provoque la terreur. Dur de faire plus fort.

En résumé ? Un très, très gros travail, très minutieux et très précis. Peu d'auteurs construisent leur univers avec un tel soin et une telle rigueur. Ce travail se retrouve également dans l'intrigue, qui présente somme toute peu d'incohérences, au regard des risques faramineux qu'on prend quand on ajouter des pouvoirs surpuissants.

Et vous, à votre avis, qu'est-ce qui fait la force de la saga ?
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