AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MAPATOU


Cassandre vient déclarer à la gendarmerie de son petit village de Saône et Loire la disparition de son époux, Léon. C’est le jeune adjudant Slimani qui enregistre sa déclaration. Elle sent bien que celui-ci n’est pas à l’aise en face d’elle, : » Car je l’ai immédiatement reconnue cette gestuelle peureuse, cette curiosité inquiète dans l’iris bleu du jeune adjudant, un novice qui effectue sa toute première affectation, qui n’a pas pour habitude de recevoir des personnes de couleur, noires comme ébène, et dont on ne doit pas compter plus de dix spécimens sur tout le périmètre de Bourbon-Lancy. »

Cassandre déclare la disparition de son éleveur de vaches charolaises de mari alors qu’elle sait parfaitement où il se trouve : dans le congélateur du sous-sol de leur maison. Si au début du roman, se pose la question de savoir si Cassandre a tué Léon, on finit par comprendre rapidement qu’il n’en est rien.

Léon ne parlait que très peu dans la vie courante. Cassandre sait qu’il a vécu quelque chose de terrible pendant la guerre d’Algérie alors qu’il n’était âgé que d’une vingtaine d’années. Elle ne connaît pratiquement rien de l’histoire de sa belle-famille n’ayant jamais été vraiment acceptée par sa belle-mère en raison de sa couleur de peau.

Mais ce sont les lettres qu’elle reçoit régulièrement depuis la mort, cachée, de Léon qui vont lui révéler la tragédie vécue par son mari et le lourd secret qui a pesé pendant toutes ces années sur sa vie et a eu une terrible incidence sur la sienne.

Si au départ Cassandre n’a pas envie de lire ces lettres qui la blessent profondément, elle finira par comprendre que la vérité qu’elles recèlent va la délivrer de tout sentiment de culpabilité et lui permettre de vivre à nouveau.

Corinne Royer a une écriture magnifique pour nous raconter la famille, ses drames, ses secrets, ses amours non-dites : » Mon Dieu, Lucien, comme c’est effrayant un homme sincère et aimant, ça vous bouleverse et ça vous laisse sans défense, sans plus aucun recours. C’est pour ça que j’ai caché les lettres, c’est parce que la peur me nouait les tripes, je savais que je n’étais pas à la hauteur de cet amour qui pouvait se passer du moindre signe de tendresse en retour, et si je l’avais été, si j’avais su me hisser si haut, je savais que jamais je n’aurais su trouver ni les gestes, ni les mots pour le dire, pour le dire si fort ».

Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}