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Critique de Benjamin_F


C'est l'histoire de Jacques Bonhomme, un agriculteur en cavale, poursuivi pour une faute qu'il ne comprend pas, celle d'avoir bien voulu faire son travail, celle d'avoir voulu prolonger l'héritage de ses ancêtres, celle de vouloir vivre au rythme de la nature. Inspiré de la tragédie de Jérôme Laronze, paysan tué par un gendarme en 2017 en Saône-et-Loiremort pour avoir dit non à l'industrialisation, Pleine terre est un roman aussi beau qu'âpre sur le monde agricole, porté par une langue précise et délicate, où chaque mot tombe juste, et qui englobe dans un même mouvement combat politique et poésie naturaliste. Les paysans y sont malmenés par le terrible paradoxe qui consiste à devoir éreinter une terre qu'on aime, pour pouvoir soutenir l'investissement nécessaire au respect des normes, puis conséquemment aux injonctions contradictoires de ces mêmes normes se voir reprocher de ne pas suffisamment prendre soin de ses champs et ses bêtes. Il y est question d'humiliation et de frustration, auxquelles s'opposent la noblesse et la fraternité des hommes, le tout avec en toile de fond l'angoisse des catastrophes écologiques en cours et à venir. Face aux protocoles et à la destruction, Corinne Royer émet l'idée qu'il ne reste parfois plus qu'une seule chose à faire : s'enterrer le plus loin possible pour ne pas être assimilé à la génération d'humains qui a saccagé le monde. Pleine terre est un splendide hymne au ralentissement. Émouvant et nécessaire.
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