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Critique de montmartin


Jacques Bonhomme vient d'avoir trente-six ans, il est l'unique garçon sur trois enfants dans cette famille où la vocation d'agriculteur se transmet comme la providence. Il a fait ce qu'il devait faire, la seule échappatoire possible, il a quitté la ferme et s'est enfui. Jacques Bonhomme est désormais un fugitif. de quoi s'est-il rendu coupable ? Pourquoi s'est-il mué en une bête traquée ? Tout a commencé avec les premiers contrôles administratifs.

Dans ce roman poignant tiré de faits réels, à travers la révolte de Jacques, Corinne Royer nous raconte la réalité du monde paysan au XXIe siècle. Les sécheresses, les récoltes détruites par les maladies, les orages. le peu de rémunérations, les longues heures de travail sans week-ends ni vacances. Les effets pervers des avancées technologiques qui apparaissent comme un gain de temps et de simplification, mais qui peu à peu dépossèdent les agriculteurs de leur savoir. Emprunter, toujours emprunter pour s'agrandir et rembourser les traites. Les dettes, ils en ont pris pour perpétuité pas seulement eux, mais après eux leurs enfants et après les enfants de leurs enfants. L'agriculture intensive, produire toujours davantage, la merde chimique qu'on déverse dans les champs, la surrèglementation, et ces satanées normes toujours plus compliquées, le monde agricole qu'on enterre vivant, sa conviction intime d'être un mauvais paysan.

Les neuf jours de cavale de Jacques alternent avec les voix de sa famille de ses amis, des histoires d'agriculteurs. Marie-Ange dont le fils Arnaud a été retrouvé au bout d'une corde et qui maintenant dans son fauteuil est une moitié d'homme. Baptiste, le plus vieil agriculteur en activité, on lui reprochait des vaches non identifiées et il avait résisté à l'administration. Paulo 22 ans, qui rêvait d'intégrer les petits Chanteurs à la Croix de Bois et qui s'est jeté dans la cuve à lisier. Pierre contrôleur, qui reconnaît qu'il n'a pas le temps de prendre en compte la dimension humaine.

Les dernières pages sont bouleversantes portées par une plume belle et limpide. Corinne Royer a su retranscrire avec réalisme la souffrance de ces hommes qui ne se reconnaissent plus dans ce métier qu'on leur impose, elle a su porter leurs paroles, leurs cris, leur détresse, elle ne juge pas elle se contente de raconter et c'est vraiment dur. Ce livre avec une couverture superbe, est sans aucun doute un des grands romans de cette rentrée littéraire.


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