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Critique de moussk12


Voilà un livre qui me restera en mémoire. Il est tiré d'un fait divers survenu en 2017 en Saône-et-Loire. Certains se souviennent peut-être de Jérôme Laronze, agriculteur-éleveur de vaches de la race Limousine. Hormis les faits marquants, l'auteure précise que les personnages secondaires et la famille sont fictifs, de même que toutes les pensées qu'elle a attribuées à Jérôme Laronze, nommé dans le roman Jacques Bonhomme.

Jacques Bonhomme a repris la ferme familiale et ses bêtes, il les aime. de grandes prairies s'offrent à elles et puisqu'elles sont destinées à nous nourrir, autant leur donner la meilleure vie qui soit. Il n'a pas d'horaires, ce sont les bêtes et les saisons qui rythment ses jours.
Lorsque les premières réglementations sont apparues, il n'a pas hésité à les suivre comme tous les autres, pensant qu'il allait gagner du temps avec toutes ces paperasseries exigées. Mais très vite, son élan fut freiné devant l'absurdité des mesures, la lourdeur administrative et les conséquences déplorables sur les animaux, la terre et les hommes. A-t-il été conscient que l'insémination artificielle deviendrait la règle ? Que l'injection de vaccins et d'antibiotiques modifierait la corpulence des bêtes ? Que les expériences faites sur les animaux engendreraient une métamorphose physique ou de nouvelles maladies ? Qu'il y aurait eu pression pour limiter les animaux en prairie naturelle et leur préférer les entrepôts dont ils ne sortent jamais ? Jacques Bonhomme a voulu faire marche arrière mais l'administration (la DDPP), soutenue par les gendarmes, ne l'a pas entendu de cette oreille. Et quand vous êtes dans leur collimateur…
L'animal souffre. Mais l'homme aussi. A cette époque en France, un paysan se suicide chaque jour. le petit paysan ou l'éleveur doit disparaître pour devenir un véritable exploitant agricole en passant par l'élevage intensif et la spécialisation de cultures. de plus, il n'est plus propriétaire de rien si ce n'est des dettes accumulées puisqu'il faut investir sans relâche. le paysan, dans le sens de l'éleveur ou de l'agriculteur a été pris à son propre jeu… le métier fait de connaissances transmises de génération en génération : balayé ! au profit des sociétés agroalimentaires qui remplacent la nourriture que la terre fournie. Et de nouvelles maladies apparaissent en même temps que la terre s'appauvrit à force d'être travaillée à coût de pesticides et d'engrais chimiques. Un cercle vicieux dont il est quasi impossible de stopper.

Le destin de cet agriculteur âgé de 36 ans est très bien rendu, l'auteure ayant bénéficié de témoignages de la famille et ayant fait pas mal de recherches sur ce fait divers qui, à l'époque, a fait grand bruit. La plume y est fine, belle, les descriptions de la nature y sont bucoliques. Ce roman qui a reçu de nombreux prix se lit quasi d'un traite car il y est question d'une cavale et que l'on veut en connaître la finalité, même si on la pressent.

Un livre fort, procurant beaucoup d'émotions, à découvrir.
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