AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lencreuse


Voilà un roman qui résonne fort avec l'actualité et la récente colère des agriculteurs. Avec Pleine terre, Corinne Royer s'empare d'un fait divers de 2017 - la cavale de neuf jours d'un agriculteur, acculé par l'administration - pour déployer un texte en forme de plaidoyer pour la paysannerie. Son gaillard de héros, Jacques Bonhomme, a pris la tangente pendant une nouvelle visite des services administratifs. Il avait un genou à terre, ils sont venus l'achever alors il est parti, à bord de sa Volvo comme un dernier pied de nez à tous ceux qui voulaient l'enfermer dans les normes et les contraintes. Une cavale au goût de liberté, quelques dernières rasades pour mieux se souvenir de ce qui lui fichait les deux pieds dans la terre : le goût de cette terre héritée, l'amour des bêtes, la vie au gré de la nature. Parce qu'elle gagne toujours la nature, quoi qu'il arrive. Jacques Bonhomme et toutes les voix de ce roman choral dressent un portrait sombre de cette frénésie du monde qui a transformé les paysans en agriculteurs, en exploitants, en redevables. Pleine terre dit les larmes de ceux qui restent quand la mort a avalé les frères les fils les pères les époux trop fourbus. Mais ce roman, engagé, dit aussi ce qui anime ces "frères de terre" : une indéfectible passion. Hymne puissant à la beauté du monde paysan et charge contre un monde qui voudrait tout réglementer au-delà du bon sens, créant sous couvert de voeux pieux sa propre perte, Pleine terre ouvre le regard sur les réalités de notre agriculture.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}