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Critique de colimasson


Comme pour le co-vide ou le réchauffement climatique, le christianisme et ses saints peuvent être victimes des « fake news ». Utilisant cette expression à la mode d'une façon approximative (qui nous rassure donc sur l'heureuse désuétude de l'auteur) Raffaele Ruffo constate que la culture pop s'est allègrement servie dans la boîte à idées historiques pour se renouveler. Piochant la carte « François d'Assise » une fois, deux fois, trois fois..., cherchant à mettre en valeur tel ou tel aspect de sa vie ou de son caractère en réponse tacite aux derniers débats inutiles de l'opinion publique, la culture pop a fini par transformer le saint en faire-valoir des idéologies les plus dégénérées du moment (véganisme, oecuménisme, optimisme sociétal et politique, pacifisme, écologisme, etc.).

Bien obligé de partir de l'abyssal vide de l'esprit critique qu'il s'imagine à l'oeuvre en chacun de nous autres, modernes, Raffaele Ruffo se croit contraint d'expliciter l'évidence, figurant ainsi, sans certainement le vouloir, une véritable leçon d'hontologie : « François d'Assise, il est bon de le dire tout de suite, n'était ni végétarien ni vegan. » Nous sentirons une légère confusion lorsque, lisant cette phrase, nous constaterons que l'abrutissement est devenu si banal que des curiosités telles que le régime alimentaire d'un homme mort voici des siècles – eût-il été un saint – semblent suffire pour juger de sa vie ou de l'intérêt que nous, pauvres moralistes pervers, pourrions ou non lui dédier.


Raffaele Ruffo cherche donc à faire oeuvre de « réinformation » en se tournant vers des sources documentaires plus directes que les oeuvres de divertissement diverses et avariées de la « culture ». Il se propose de les comparer et de les contextualiser pour comprendre certaines étrangetés, comme les divergences qui apparaissent par exemple entre les descriptions de l'enfance de François d'Assise écrites par Thomas de Celano ou saint Bonaventure.


« [...] les chercheurs ont conclu qu'il n'existe pas une source dépositaire sûre et exclusive de toute la vérité historique de François d'Assise. C'est pourquoi les spécialistes contemporains analysent l'ensemble des anciennes biographies franciscaines, afin de mettre d'abord en avant la période de la composition, l'objet de la rédaction et les caractéristiques propres à chacune des oeuvres. Puis, ils comparent de manière critique les épisodes qui se retrouvent dans plusieurs sources mais rédigées sous une forme différente, tout en mettant en relief les traits de vérité contenus dans chaque texte. »


Témoignant d'une douce admiration de l'auteur pour François d'Assise, ce livre se parcourra dans une relative quiétude. Les sources engendrent finalement peu de points de controverse et les chapitres se suivent, déroulant tranquillement la vie du saint, loin de toute exclamation sentimentale ou de toute rumination excessivement intellectuelle. Ainsi ce livre se montre-t-il à l'image de Soeur Alouette, que François d'Assise chérissait tant.


« Soeur Alouette a un capuchon comme les religieux et c'est un oiseau humble, qui va volontiers de par les chemins pour trouver quelques grains de blé. Et même si elle en trouve parmi le crottin des animaux, elle les retire et les mange. Tout en volant, elle loue le Seigneur, comme les bons religieux qui méprisent les choses terrestres et dont la vie est toujours dans le ciel. En outre son vêtement – c'est-à-dire son plumage – est couleur de terre ; elle donne ainsi un exemple aux religieux, qui doivent avoir des vêtements non pas colorés et délicats, mais pour ainsi dire termes comme la terre. »
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