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Critique de ODP31


Un casse-pied au bord de la Caspienne.
Notre consul préféré, Aurel Timescu, poursuit sa tournée des ambassades au gré de ses affectations plus disciplinaires que promotionnelles. Les tampons sur son passeport valent sanction, seul consul immunisé contre l'immunité diplomatique.
Célèbre pour son goût très modéré pour le travail et sa manie de se mêler uniquement de ce qui ne le regarde pas, sa réputation de canard boiteux lui vaut plus de mises au placard que d'accès aux fastes et tapis rouge des ambassades.
Après deux premières aventures en terres Africaines inhospitalières, Jean Christophe Ruffin mute son héros à Bakou, et ce n'est pas cher payé. En effet, Aurel trouve le Caucase plutôt cocasse et la capitale de l'Azerbaïdjan à son goût. Peu importe que l'ancienne république soviétique soit une pétromonarchie allergique aux libertés individuelles, le climat est favorable à la santé et aux humeurs solitaires du bonhomme.
Tout heureux à son arrivée de ne se voir confier aucune mission car on souhaite le renvoyer en soute avec la première valise diplomatique, Aurel s'accroche à sa nouvelle affectation pour pouvoir enquêter sur la mort mystérieuse de l'épouse de l'ambassadeur. Sa léthargie s'efface toujours quand il est confronté à une injustice touchant une femme. Son sang, dilué au vin blanc, ne fait qu'un tour car au-delà, c'est bien trop fatiguant.
Comme toujours, le petit consul cumule attitudes lunaires et désobéissances polies tout au long de l'intrigue. L'homme à inventé les règles pour permettre aux rebelles de s'en affranchir. le consul n'obéit qu'à sa propre logique.
Si certains ont le don de transformer en or tout ce qu'ils touchent, Aurel Timescu possède le talent rare de sauter à pieds joints et poings liés dans les flaques aux eaux nauséabondes des affaires d'états. Un chien mal dressé renifleur de magouilles internationales. Homme d'inaction, Aurel traverse les dangers sans vraiment s'en rendre compte, encaisse les coups et les humiliations avec le détachement d'un être en panne d'émotions.
Jean Christophe Rufin prend toujours autant de plaisir avec son consul et nous le fait partager. J'ai préféré ce troisième opus aux précédents car il accorde davantage de place aux autres personnages du roman qui gagnent en complexité et en épaisseur de traits. Aurel ne porte pas tout le récit sur ses épaules voutées. Il s'allie à une attachée d'ambassade, complote avec un opposant au régime et sympathise avec un parlementaire français en mission protocolaire.
Le ton reste léger et l'auteur privilégie l'aventure au cours de géopolitique.
Dans l'attente de l'inspiration de son auteur et de son prochain avion, j'imagine assez bien Aurel l'apatride jouant quelques partitions sur un de ces pianos qui sont installés dans les zones d'embarquement de certains aéroports, heureux de profiter du moment présent.
Une douce lecture de dimanche, après le poulet rôti, pendant une averse de pluie et qui devance les pensées maussades annonciatrices du lundi.



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