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Critique de alexandrabaryton


Livre reçu dans le cadre de l'opération Explorateurs du Polar 2019 avec Lecteurs.com !

Une affaire comme les autres, Pasquale RUJU, 286 pages officielles. Disponible en version brochée et en version numérique sur Amazon et sur le site de la Fnac, publié en 2019 par les Éditions DENOËL.

En lisant ce titre j'ai pensé tout de suite à un banal feuilleton policier dans lequel l'auteur joue la carte des stéréotypes italiens à fond. Une affaire banale, presque celle de trop. Mais je n'y étais pas du tout !

Tout de suite, je plonge dans une cellule d'interrogatoire, toutes mes autres pensées s'effacent. Tout comme celles d'Annamaria, veuve et suspectée de meurtre, seule face à son raisonnement interne. Quand elle doute, nous doutons avec elle. Quand elle s'interroge, nous nous interrogeons également. Dois-je craquer, pleurer ? Qui est le bon flic, le mauvais ? Voici les questions auxquelles doit faire face la veuve, qui ne perd pas son sang-froid une seule seconde. Je pressens au loin un retournement de situation qui me bouleverse, cette carapace ne me semble pas naturelle. Vais-je avoir raison ?
Ici débute le plus long interrogatoire que j'ai lu, sentant chaque seconde peser comme le ferait l'épée de Damoclès au-dessus d'une tête.

En tant que lectrice, je suis suspendue à ce que Annamaria va bien vouloir nous livrer. L'histoire elle l'a connaît, personne d'autre. Et c'est ce qui met le lecteur sous tension. C'est énorme !

Je ressens une certaine forme de pudeur dans la façon qu'à d'Annamaria de se confier. Comme une fragilité qu'elle tente tant bien que mal de camoufler derrière une rigidité et une froideur durant l'interrogatoire.

Je suis vraiment en adoration devant le style de l'auteur qui sait manier sa plume pour me faire ressentir cette tension qui se joue à chaque page et qui ne s'essouffle pas à chaque chapitre. L'ambiance pesante du huis-clos s'est refermée sur moi. Je perçois de la perversion, de la brutalité et du narcissisme dans les descriptions des faits et les silences d'Annamaria. J'apprends en même temps que Sylvia est la procureure adjointe en charge d'interroger la suspecte. Une femme aussi froide qu'Annamaria, qui me donne l'impression d'une attitude en miroir, c'est-à-dire que chacune à leur tour sera l'interrogatrice de l'autre, la victime et la coupable. En ça, la tension est remarquablement bien menée.

Puis, je découvre à pas de loup, la naissance de l'histoire d'amour entre Annamaria et Marcello, un homme qui inspire tant le respect que la crainte. Il y a beaucoup de mystère autour de cet homme ce qui est très prenant et titille volontiers ma curiosité. L'amour que ressent Annamaria envers Marcello est très fort voire passionnel. S'adonner de la sorte à cet homme dont elle semble n'échanger que des relations sexuelles est troublant. Rien ne vient perturber son amour pour cet homme dont elle ne connaît pas les réelles activités. Elle lui est simplement dévouée. Puis, vint le temps où l'amour s'essouffle pour laisser place à une forme de tendresse maternelle.
Carmela, une amie du couple, me fait penser à une menthe religieuse qui joue un double jeu. Elle paraît fourbe mais sait quelle stratégie adopter. Elle m'impressionne un peu pour tout vous avouer. Serait-elle manipulatrice ?

Petit à petit, l'illusion sur la banalité de l'histoire rend le suspense haletant. Les chapitres sont courts et très addictifs ! Ma lecture est très fluide et vive. Chaque mot me donne envie de savoir la suite. le silence devient une violence sourde et un jeu de pouvoir, le machisme aidant à se mettre dans l'ambiance.
Les notes de la traductrice en fin d'ouvrage sont très appréciables pour les lecteurs qui, comme moi, ne connaissent en rien l'organisation des clans mafieux italiens. Je perçois un monde très dur et violent.

Ce livre parle outre la dureté de l'organisation mafieuse et de ce business souterrain florissant et sanglant, des relations familiales. Des enfants « utilisés » comme gage d'une réussite, d'une fierté. Ce lourd héritage familial est source de tension au sein des familles. Je ressens la difficulté de prendre son envol et de devenir véritablement « soi » au sein d'une famille qui ne pense qu'à faire un maximum de profit. Profit au détriment d'un amour chaleureux, de relations tendres pour le compte d'un monde violent et dangereux. Les nombreuses activités mafieuses sont partout et ce roman nous le montre bien. Comme une toile d'araignée que l'on aurait tisser sur le monde. A la manière dont elle recouvre le raisonnement d'Annamaria qui vit dans la crainte d'être rejetée par son mari. C'est terrible.

C'était comme cela, désormais, et s'adapter à la situation semblait être la meilleure des solutions pour tout le monde.

La place et le poids du regard sont très symboliques dans ce roman car ils désignent le pouvoir et le contrôle sur l'autre. Demander l'approbation pour agir est courant au sein de ces fratries. C'est impressionnant la manière dont tous rendent compte à un seul homme qui pourrait être comparé à « Dieu ». Cette forme de hiérarchie nous invite à prendre conscience de l'enchevêtrement de la mafia et de la difficulté qu'ont les forces de l'ordre à trouver l'homme ou le groupe d'hommes à la tête d'un seul clan. le pouvoir est argent, l'argent s'achète en vies. Chaque personnage remplit son rôle à merveille nous faisant basculer dans une cruauté extrême, mais toujours silencieuse. le silence est ce qui m'a le plus marquée dans ce roman et qui rend la lecture captivante. Je regrette seulement qu'il n'y ait pas de traduction pour certains mots en anglais.

Mais est-ce que je m'attendais à cette fin ? Mon dieu ! Non !!

Si vous souhaitez lire ma chronique gourmande ET le mot de Pasquale en intégralité, rdv sur mon blog littéraire !
Lien : https://despapiersmaches.wor..
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