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Critique de yva63


Paul Rumiz, correspondant de guerre en Afghanistan et dans les Balkans pour la "Reppublica", puis grand voyageur à l'écoute de l'Europe, en particulier sur ses pourtours orientaux (en vélo, en bateau, en Topolino et surtout à pied) a fait entendre dans ses récits la voix du journaliste et celle du voyageur : instructives pour qui veut comprendre l'identité de notre bout de continent appelé "Union Européenne".
Après l'avoir découvert et apprécié pour son ouvrage "Appia", j'ai voulu lire son dernier ouvrage "Le fil sans fin" plus ambitieux et plus complexe aussi : au fil des chemins parcourus, une réflexion parfois mystique sur l'Europe et son devenir.
Le début de son périple à pied, dans les Abruzzes depuis les Monts Sybillins jusqu'à Norcia après le catastrophique tremblement de terre de 2016 : ses descriptions d'un pays, de ses paysages, de son histoire dans une langue belle et pure à l'image du pays. Pour le connaître, je dirais que c'est un lieu où l'esprit s'élève : on s'y sent plus près du ciel… ou des étoiles. L'arrivée dans le village dévasté de Norcia est saisissante , il se trouve face à une statue épargnée par le séisme « Ce fut alors que je vis la statue… qui levait son bras droit comme pour indiquer quelque chose à mi-chemin entre le Ciel et la Terre. Elle était intacte au milieu de la destruction et l'on pouvait y lire, Saint Benoît, saint patron de l'Europe» Et cette statue tournée vers l'Europe lui dit qu'il se trouvait peut être devant les ruines d'une grandiose idée politique gangrènée par le repli sur soi, le populisme et le consumérisme poussé à l'extrême. Deux guerres mondiales n'auront elles pas suffi, en faudrait il une troisième pour qu'elle retrouve ses idéaux?
C'est là que commence la deuxième partie du "fil sans fin", plus longue et moins consensuelle.
Partant de la règle bénédictine érigée par saint Benoît : modération, écoute, solidarité, hospitalité et même démocratie au sein de chaque communauté et, porté par un véritable élan mystique, Paul Rumiz part à travers l'Europe à la rencontre de ces hommes de bonne volonté qui, dans leurs abbayes, mettent en pratique les règles de leur ordre. Des rencontres souvent passionnantes et instructives et Paul Rumiz croit sincèrement en leur exemple qui a traversé les siècles pour aider au renouveau de notre communauté à la dérive.
J'ai alors eu bien du mal à suivre l'auteur dans ses conclusions: en pratique d'abord, son modèle basé sur la vie en petites communautés me semble inapplicable à un ensemble de 28 pays comptant plus de 400 millions d'habitants. Et surtout, tous les ordres religieux, bénédictins compris, sont restés au sein de "la Sainte Eglise Catholique et Apostolique", coupable au fil des siècles, de tant de méfaits que je ne pourrai jamais cautionner quelque projet que ce soit prétendant, même honnêtement, s'en inspirer.
Conclusion: ce récit mérite d'être lu pour suivre la quête de son auteur, il est instructif et porte à la réflexion même si l'on ne partage ses conclusions, l'écriture est belle, sans fioritures. Merci à Babélio et aux Edition Arthaud pour cet envoi.
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