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Critique de ATOS


On en a vu d'autres...d'autres guerres, d'autres croyances, d'autres idéologies, d'autres misères, d'autres frontières, d'autres crimes. On a en a connu d'autres mais ces autres ..tous ceux d'avant, d'avant les lumières, d'avant et après les prophètes, d'avant toutes nos guerres... ceux que l'on croit toujours de là-bas, d'autre fois ou de jamais ici, ressemblent atrocement à ceux d'aujourd'hui, de maintenant, qui tourbillonnent dans le maelstrom du présent.
Les fols en dieux, en fracs, en fric, les bûchers, les seigneurs de la guerre ,des famines des pestes, des massacres… oui, on en a connu d'autres... Toujours les mêmes causes toujours les mêmes coups donnés par les mêmes mâchoires qui puisent leur énergie de l'ignorance et de la peur.
On en connaît bien d'autres encore. On en connaîtra probablement et malheureusement encore bien d'autres...
Longue litanie de siècles, et de files humaines, de toutes nos tremblantes et sanglantes traînes humaines.
Est-ce que cela doit nous rassurer ? Ou nous désespérer ? Nous rassurer si on veut y voir notre commune et incroyable capacité de survie. Nous désespérer si nous songeons à l'immobilisme des consciences, au bégaiement stupide de nos peurs et de nos soumissions…
le désespoir est un sentiment inutile nous enseigne Bertrand Russel.
Philosophe, mathématicien, libre penseur, pacifiste, humaniste avant tout et toujours debout face à tous les désordres.
Les faits. Voilà ce que nous demande de considérer le philosophe. Les faits. Non nos croyances, nos préjugés ; les faits scientifiques. qu'ils soient astronomiques, biologiques.
Force est de constater que l'homme a une fâcheuse tendance à se considérer comme étant « le nombril saint et sacré du monde ». Se laisser bercer d'illusions, de fausses promesses...Croire à notre place, à notre « bon droit » au soleil en fermant les yeux...quite à ne pas voir que ces faux soleils brûlent tous les bois dont nous sommes faits. Tous, et cela jusqu'au dernier. Alors croire plutôt que voir. Toujours l'orgueil de croire plutôt que le courage de savoir.
Orgueilleux tel est l'humain..Orgueil stupide et stérile, fécond de tous les démons. Croyances, superstitions...tout est bon pour faire croire, que cela est plus plus aisé que de faire savoir, de connaître et de reconnaître.
Fumisterie intellectuelle, morale, économique, politique, faussement scientifique.
Hiérarchisation de toutes les ordres. Ordres dont la hauteur voudrait répondre au silence des cieux. Alors ordonnancement des corps, des genres, des peuples, des classes sociales…
Faire croire pour mieux faire plier à défaut de faire savoir pour éduquer.
S'attacher aux faits, à la réalité et non au dogme des croyances n'est pas enlever la poésie au monde, s'est au contraire l'amplifier en l'émancipant.
La nature ne connaît ni enfer ni paradis.
L'équilibre des forces de notre monde naturel est régi par l'épanouissement du vivant. Une règle pas un ordre.
Croyances, préjugés… «  la croyance infondée qui alimente ces mythes justifie la persécution et témoigne du désir inconscient de désigner un bouc émissaire. »
Orgueilleux l'humain, orgueilleux et crédule.
Car il est plus facile de croire que de savoir, de connaître et reconnaître.
« les sornettes que l'État est capable de nous faire avaler sont sans limite. Donnez-moi une armée digne de ce nom, donnez-moi les moyens de lui offrir un salaire plus généreux et une nourriture plus abondante que la moyenne et je vous garantis qu'en l'espace de trente ans je me débrouillerai pour faire croire à la majorité de la population que deux et deux font 3 que l'eau gèle à 100 degrés et qu'elle enttre en ébullition en dessous de zéro ou n'importe quel autre fadaise susceptible de servir les intérêts de l'État. Évidemment, même si l'on n'y croyait, nul ne s'aviserait de mettre la bouilloire au congélateur pour faire chauffer de l'eau. le fait que le froid porte l'eau à ébullition serait une vérité sacro-sainte que l'on professe d'un ton exalté mais que l'on n'aurait pas idée d'appliquer dans la vie quotidienne. Toute négation de la sacro-sainte doctrine serait déclarée illégale et les hérétiques récalcitrants seraient « gelés » sur le bûcher. Ceux qui n'embrasseraient pas avec enthousiasme la doctrine officielle serait interdit d'enseigner ou d' occuper un poste à responsabilités. Seuls les plus hauts fonctionnaires se permettraient d'admettre en aparté que ce ne sont que des foutaises, en ricanant dans leur barbe, et en levant leur verre. Je caricature à peine ce qui se passe dans certains États modernes ».
Russell parlait de l'État, mais nous pouvons convenir de la pertinence et de l'urgence qu'il y a de reconnaître que ce comportement sévit au sein de tous les lieux du pouvoir qu'il soient économiques, financier, religieux, familiales et autres.
Oui nous en avons vu d'autres, Russell, lui, peut être même de plus près.
Rejeté de cercles universitaires, mis à l'index, emprisonné, il n'a jamais cessé de penser, de lire, d'écrire, d'enseigner, de raisonner.
Russell nous rappelle que nous ne devons pas croire, mais savoir.
Ne pas laisser croire, mais faire savoir.
Faire savoir avec raison, certes, mais pas sans amour.
La logique comme le signe d'une intelligence, les faits comme la preuve invincible du raisonnement.
Oui il y aura, souhaitons le, d'autres philosophes, d'autres scientifiques, d'autres humanistes comme Bertrand Russell, qui viendront peu à peu rompre obscurantisme que provoque la fumisterie intellectuelle.
Le désespoir est un sentiment inutile, alors espérons le. Espérons le pour notre humanité.

«  VOTRE ACTION DÉSESPÉRÉE. MENACE À LA SURVIE HUMAINE. AUCUNE JUSTIFICATION CONCEVABLE. L'HOMME CIVILISÉ LE CONDAMNE. NOUS N'AURONS PAS DE MASSACRE DE MASSE. ULTIMATUM SIGNIFIE GUERRE... METTEZ FIN À CETTE FOLIE » . Télégramme de Bertrand Russell adressé au Président J.F Kennedy en 1962 lors de la crise des missiles de Cuba.

Masse critique Babelio/ Editions l'Herne – 02.2020
Astrid Shriqui Garain




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