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Critique de fabienne2909


"Quand on n'est qu'au commencement de la fin, on peut très bien se croire déjà au milieu. Quand j'étais petite, je ne voyais pas ces nuances. C'est seulement après la déchéance de Swamplandia que le temps s'est mis à avoir comme un début, un milieu et une fin. En bref, je peux résumer toute l'histoire d'un seul mot : chute."

Je commence cette critique par une citation qui, outre sa beauté, est le parfait résumé du roman. Avec la mort d'Hilola Bigtree, épouse du chef Bigtree, directeur du parc d'attractions Swamplandia, perdu au beau milieu des marais de Floride, et mère de Kiwi, Osceola et Ava, prend place le commencement de la fin : les touristes désertent rapidement le parc (Hilola en était la muse, et son numéro, sauter dans un bassin rempli d'alligators, la principale attraction), le chef perd toute autorité sur ses enfants (s'il en a jamais eu une) et est incapable de redresser les comptes du parc, au point qu'il doit abandonner ses enfants à eux-mêmes (un rebondissement dans l'intrigue permettra de savoir pour quelle destination), Kiwi, dont le seul rêve est d'aller à l'université, s'enfuit de Swamplandia, Osceola, se pensant spirite, s'invente des amants fantômes et Ava tente de faire bonne figure et réfléchit aux moyens de faire retrouver au parc son lustre d'antan.

Ainsi, chacun des trois enfants se retrouve un peu comme Adam et Eve jeté hors du paradis : chacun va faire l'expérience de la dureté et de la laideur d'un monde extérieur auquel ils ne sont (absolument) pas préparés. Cette image est d'ailleurs assez filée par l'auteur : Kiwi se réfugie dans le parc d'attraction concurrent, le Monde de l'obscur, dont les attractions portent un nom (et ont un concept) en rapport avec l'enfer ; Ava (Eve ?), partie à la recherche de sa soeur qui a fugué sur la route des portes de l'enfer, va devoir payer le prix (élevé) de la connaissance. Seule Osceola s'en sort à peu près indemne, si tant est que l'on peut qualifier ainsi la schizophrénie dont elle semble atteinte.

Swamplandia est ainsi un roman choral (un chapitre sur deux est narré par Ava), à l'écriture luxuriante et mélancolique. Il dépeint à la perfection un monde végétal, moite et étouffant, un paradis qui n'est plus, et la manière dont chacun s'adapte (ou non) à cette disparition.

Ce roman a d'indéniables qualités, dont la première est la maîtrise de son sujet par l'auteur, qui signe là son premier roman. L'ouvrage est remarquablement structuré, et le style est déjà très personnel et empreint d'une grande force évocatrice.
Pourtant, j'avoue avoir été moins séduite que je pensais l'être, et je me suis forcée à terminer le roman pour les qualités que j'ai citées précédemment. Même si les aventures d'Ava, accompagnée de l'étrange Oiseleur, à la poursuite de sa soeur, constituent le principal évènement (vu la place qu'il prend et les symboliques qu'on peut lui trouver), il souffre de longueurs (au point que lorsque l'évènement terrible qui se profilait depuis une bonne centaines de pages arrive, j'ai pensé "ah ça y est, enfin ?"... et pourtant, il est terrible), et les quelques rebondissements ne sont pas non plus les plus fous qu'on puisse imaginer. Je me suis également demandée où l'auteur voulait en venir.
Toutefois, Swamplandia reste un livre à découvrir, ne serait-ce que pour l'originalité de l'univers qu'il renferme, et de la beauté de son écriture, fluide et non pas stagnante comme les marais qu'elle décrit.
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