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Critique de teophania


Kestrel et Arin ne sont plus les adolescents rougissants et hésitants des débuts. Les épreuves qu'ils ont subies avec courage les ont forcés à grandir, s'étoffer et s'imposer.

Arin est convaincu qu'il sert le Dieu de la mort et qu'il en trouve protection en retour. Certains pourraient le prendre pour un dément, ce n'est jamais le cas de Kestrel qui respecte les croyances de son compagnon. Souvent, le lecteur partage les conversations qu'il noue secrètement avec ce dieu, notamment dans des étapes clefs du récit. Cette croyance le transcende et lui donne du courage, légitime ses actions pour la « cause ».

Quant à Kestrel, si elle est amputée d'une partie de sa mémoire, elle ne se laisse pas pour autant abattre, elle se démène, en employant diverses stratégies pour réunir les bribes de ses souvenirs disparus.

Arin, fidèle à son attitude chevaleresque et entière, lui laisse le temps de recouvrer cette partie d'elle-même, s'efforce de lui faire confiance, même si cela ne lui est pas toujours facile. Aussi, quand Kestrel lui annonce sa volonté de l'aider lors des batailles les opposant aux valoriens, son côté protecteur voudrait prendre le dessus mais il se maitrise et se raisonne, cela lui demande un énorme travail sur lui-même. Il a encore en tête les cicatrices laissées par le fouet du camp de travailleur valorien lacérant le dos de sa belle. Il la veut libre, entière, telle quelle. Attention, coeur qui bat ! 😉

Je me suis accrochée aux pages de ce récit comme une malheureuse au mât d'un navire en perdition, dans l'attente d'un rapprochement ultime et tant attendu entre Arin et Kestrel… J'ai ainsi englouti des pages narrant les tergiversations relatives aux meilleures stratégies à employer dans les diverses batailles opposant l'alliance dacrans/herranis aux valoriens, ou des combats sanglants où l'horreur n'est jamais tue, même dans les détails. Je repense à une scène qui décrit si bien le désarroi de la Kestrel, pourtant endurcie, lorsqu'elle se retrouve devant des cadavres, notamment celui d'une petite fille à qui il manque une chaussure et qu'elle se fait un point d'honneur à lui retrouver le soulier manquant… Pathétique, tragique mais réaliste et déchirant.

Je me suis trouvée si fébrile après chaque page, dans l'expectative du pire… Car le suspense bat son plein, jusqu'au dénouement ultime, on ne sait qui gagnera, on ne devine pas d'issue à ce combat désespéré pour la liberté voulue, chérie par Arin et les siens. Leurs chances de victoire sont toujours minces malgré l'alliance inespérée avec Dacran. Et on redoute la contrepartie du marché conclu avec ce peuple jusqu'à la fin…

*Attention, spoilers dans ce qui suit*

Ce qui m'a agacée : le temps que met Arin à consulter (enfin !!!) le messager venu en urgence lui délivrer un message…

Ce que j'ai adoré : Arin qui se positionne en sauveur (je ne l'espérais plus !) pour récupérer sa belle (enfin, qui a bien changé tout de même…), Rashan qui perçoit clair dans le jeu de nos tourtereaux, qui s'avère être un allié fiable et amenant de la lumière, de l'espoir dans ce récit sombre, l'ultime tête à tête de Kestrel avec l'empereur… Jusqu'à la fin de leur entrevue, j'ai retenu mon souffle !

Ce qui m'a frustrée : la fin ! J'aurais tant voulu en apprendre plus sur les motivations profondes du général Trajan… Est-ce simplement son code de l'honneur indéfectible qui l'a poussé à dénoncer son unique fille ? Je pense qu'il y avait matière à développer le sujet. Les sentiments du père de Kestrel auraient donc mérité d'être creusés, exposés au grand jour. J'y vois par là une solution de facilité de la part de l'auteur qui nous laisse à notre propre jugement et, personnellement, le mien n'est toujours pas fixé quelques jours après cette lecture ! J'ai l'impression d'avoir été volée !

J'aurais voulu que l'on me décrive l'ascension et l'officialisation du statut d'Arin en tant que chef de son peuple, que l'on me serve sur un plateau doré son mariage avec Kestrel, après tout zut, nos héros en ont tellement bavé (et nous par procuration !) qu'ils méritaient bien cela… Mais non, rien, snif ! Alors, oui, la fin est vraiment touchante, j'ai adoré (et je soupçonnais que cela arrive 😉) les voir retrouver leur âme d'enfant, s'unir dans leur passion commune… Mais cela ne m'a pas suffi. Je me sens amputée d'une partie de l'histoire qui a un goût d'inachevé.

Malgré tout, cette série rejoint celle que je regrette amèrement de quitter… le souvenir d'Arin et Kestrel s'estompera peu à peu mais j'en garderai un souvenir prégnant, leur histoire m'a profondément touchée, émue, le récit m'a emportée dans leurs aventures, j'étais à leurs côtés, je souffrais, tremblais, souriais au diapason de leurs émotions. Leurs personnalités si fortes, si travaillées, leurs pensées étaient si bien retranscrites par l'auteur…

Cet univers m'a tout bonnement soufflée !

Et maintenant : Que puis-je bien donc lire après ce choc émotionnel ? Si, cher lecteur, tu as des idées, je serais heureuse que tu me les délivres !


Lien : https://chutellelit.wordpres..
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