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Critique de colka


Si vous lisez Summer de Monica Sabolo ne vous trompez pas de pacte de lecture. Il y a une disparition, celle de Summer, héroïne éponyme, mais le récit dont elle est l'objet ne relève ni des codes du polar ni même de ceux du thriller psychologique.
J'ai vu dans ce roman essentiellement l'histoire d'une névrose familiale très subtilement analysée par Benjamin, le narrateur et frère de Summer. Ce dernier, au gré de flash-back fluides, alternant séances chez le docteur Traub, psychologue de son état et retours dans le passé, va nous emmener vers les eaux troubles du Lac Léman et celle non moins troubles de la psyché humaine.
Ce qui m'a beaucoup plu dans le récit que nous livre Benjamin c'est effectivement la subtilité et la densité avec laquelle il évoque le caractère incertain, trouble, mouvant de la réalité.
Qu'est-ce qui se cache derrière le fragile glacis du vernis social dans lequel se complaît sa famille ? Les parents : un couple glamour, envié et courtisé par tout le gotha genevois ? Pas tant que ça, loin s'en faut... Summer, une belle adolescent vivant dans un milieu privilégié ? Pas si simple non plus, si l'on en juge par l'évocation de ses conduites à risques... Seul Benjamin échappe à ce cortège de faux-semblants mais ce n'est pas mieux ! Il attend avec une grande anxiété que la "bulle" éclate et comme il s'est toujours considéré comme le vilain petit canard de la famille, la disparition de Summer va l'entraîner vers une vertigineuse fuite en avant : fuite de son corps, fuite dans les psychotropes et les substances hallucinogènes, dédoublement de la personnalité. L'important est de se couper de ses émotions pour ne pas souffrir. Plongée dans des rêves aquatiques terrifiants dont il va chercher vainement la clé en consultant différents psys. D'ailleurs tout au long du roman il semble poursuivi par la porosité qui existe entre l'état de veille et de rêve bien autant que par les questionnements qui concernent son entourage.
Il va trouver un certain nombre de réponses à ses troubles identitaires ainsi qu'à ceux qui traversent sa famille, dans une dernière partie du roman que je trouve nettement moins réussie que le reste. Non parce que la résolution de l'intrigue est somme toute assez prévisible mais surtout parce que l'analyse du comportement des personnages devient moins subtile, moins achevée, notamment au niveau des confrontations dialoguées qu'il va avoir avec son père et sa mère. C'est dommage !
J'ajouterais cependant que la qualité de l'écriture est indéniable. L'humour et le sens de l'auto-dérision dont fait souvent preuve l'auteure laisse aussi la place à de beaux ralentis très cinématographiques qui restituent parfaitement les moments magiques ou les crises aiguës vécues par les personnages.
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